UNE DISPARITION INQUIÉTANTE À MATIGNON : LE PREMIER MINISTRE A ÉTÉ ENLEVÉ !

Épisode 3 : Le Premier Ministre a été enlevé !

Le président tourne et retourne la lettre reçue le matin même à la présidence, elle lui est directement adressée. Il prenait tranquillement son petit-déjeuner quand elle lui est arrivée sur un plateau d’argent. 

Son café refroidit. Que faire ? Y aller ? Y aller seul ? Mettre ainci sa vie et le devenir du pays en balance avec la vie du PM ? Il relit le lettre : 

Monsieur le Président
— Nous détenons le Premier Ministre, si vous voulez le revoir vivant, vous devez vous présenter demain, seul, place de l’Étoile, Arc de Triomphe,  dans la salle de l’accueil des visiteurs, à sept heures du matin. Soyez à l’heure, nous n’accepterons aucun retard. 
Le président pose la lettre sur le plateau brillant et ciselé. Il sourit, cette habitude de l’Élysée le réjouit. Vivre dans le luxe fait partie de ce qui lui plaît dans sa fonction. Le renouvellement de la vaisselle de Sèvres était indispensable, il se doit de fournir à ses invités le luxe et le faste qu’ils attendent de la présidence de la République française. Il est là pour prendre soin du capital immobilier que représente l’Élysée. 
Les travaux de rénovation de la salle des fêtes, idem. Les rideaux de velours rouge tombaient presque en lambeaux, ils sont remplacés, ce mois-ci, par des panneaux en textile gris et ivoire. La moquette est en passe d’être changée, oui, elle coûte cher et même lui, le président, il a tiqué quand il a vu le devis, trois cent mille euros rien que pour la moquette, la moitié du coût total des travaux, mais la décoratrice a insisté, et elle était soutenue par son épouse. 
En matière de goût, il fait confiance à sa femme, elle sait si bien s’habiller et depuis qu’elle est femme de président, elle profite pleinement des possibilités qui lui ont offertes dans ce domaine…Et elle a bien raison ! D’autant plus que KL, le grand couturier, dit d’elle : 
 Elle a les plus belles jambes de Paris.
Il aurait pu dire, de France et même du monde, et ce serait vrai. Elle a toujours eu de belles jambes et c’est ce qu’il a  remarqué chez elle, en premier lieu, quand elle n’était encore que sa prof’.
Bon, son esprit s’échappe du problème ardu qui lui est posé aujourd’hui. Il faut apporter une réponse immédiate. Il doit provoquer une réunion d’extrême urgence avec les personnes qui sont chargées de sa sécurité. 
Il appuie sur le bouton qui le relie directement au commandant du GSPR, Gilles Pardon. Il ne peut s’empêcher de sourire, s’appeler Pardon quand on dirige la sécurité de la présidence, c’est quand même marrant, non ? 
Ah, sa femme est entrée. Elle est en jogging ; elle vient juste d’effectuer ses quarante minutes de vélo quotidiens, elle s’approche de lui et dépose un baiser sur son front. Il lui saisit le bras et le caresse doucement. Elle est son ancre, sans elle, la tempête l’emporterait et c’est ce qu’il a ressenti dés leur première rencontre. Lui, le léger esquif, ne serait rien sans elle, sans sa force, sans sa détermination.
Le commandant Pardon se présente à la porte de la salle à manger, en saluant, il dit :
— Bonjour Monsieur le président, vous m’avez fait appeler ?
— Oui, bonjour commandant, asseyez-vous, je vous prie, je viens de recevoir des nouvelles du PM.
— Ah, enfin ! Que lui est-il donc arrivé ?
— Prenez connaissance de cette lettre, reçue ce matin et qui m’est directement adressée. 
Le président fait glisser la lettre à son interlocuteur qui a pris place en face de lui et auquel le serveur a versé une tasse de café. 
Avant de procéder à sa lecture, le commandant regarde le président et sans désigner personne, demande :
Ne serions-nous pas mieux dans votre bureau pour en parler ?
— Nous sommes bien plus protégés des fuites ici que dans mon bureau.
— Très bien.
Le commandant Pardon lit lentement les quelques lignes de la lettre. Il relève la tête :
— Bien, que comptez-vous faire ? Il faut naturellement répondre à cette demande, mais il est hors de question que vous vous rendiez en personne à ce rendez-vous. Souhaitez-vous que je vous y représente ?
 Non, je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Si vous effectuiez cette démarche, la riposte pourrait être très grave de conséquences pour le PM. Imaginez qu’ils s’en prennent à sa vie ? Non, je veux éviter tout drame. Je me rendrai en personne à leur rendez-vous.
— Vous savez pourtant qu’étant donné le choix du lieu, il est plus que vraisemblable que vos interlocuteurs appartiennent au mouvement des GJ ? 
— J’en suis pleinement conscient, mais je n’ai pas le choix. Je n’ai pas été élu à la tête de mon pays, pour manquer de courage au moment où il est indispensable d’y recourir. 
C’est décidé, à vous d’organiser un maillage serré des alentours du monument, sans naturellement que cela soit visible. Bien, je vais à mon bureau, nous nous reverrons ce soir pour faire le point. Bonne journée. 

Le commandant Pardon plisse le front, la journée qui s’annonce sera peut-être une des plus difficiles de sa vie. 

Prochain épisode le mercredi 16 janvier 2019…