UNE DISPARITION INQUIÉTANTE À MATIGNON
Épisode 1 – Le Premier Ministre est introuvable
— Églantine, avez-vous vu le PM ?
— Non pas depuis la réunion de ce matin, pourquoi ?
— Eh bien, parce que je le cherche depuis le déjeuner et que je ne le trouve pas. Je devais déjeuner avec lui, on devait faire le point sur les mesures de sécurité à déployer lors du prochain rendez-vous avec les GJ et… Bref, il y a urgence, on les reçoit demain matin, à huit heures.
Églantine, une des assistantes du pool du secrétariat affectée au service du PM, repousse la mèche de cheveux qui régulièrement retombe sur son œil gauche, c’est bizarre, le PM est toujours à l’heure, pas comme le président, lui, qui est en retard tout le temps, partout. D’un autre côté, ça l’arrange que le PM ne soit pas là, comme ça, il n’est pas derrière son dos à lui réclamer une xième note à taper à toute vitesse. Ici, à Matignon, on ne connaît que l’urgence. Rien ne peut attendre, jamais, tout doit être fait immédiatement. Elle sourit, jamais, au grand jamais, elle n’exprimerait tout haut ce qu’elle vient de penser, et surtout pas auprès du jeune collaborateur qui s’inquiète de l’absence du PM, un drôle de coco, celui-là. Il suit le PM comme son ombre, non, pire que son ombre parce que même quand il n’y a pas de soleil, il est sur ses talons. Comment se fait-il que le PM soit parvenu à lui échapper ? Comme il continue à la regarder et surtout que son regard a plongé vers ses chevilles, elle ose lui dire :
— La réunion s’est terminée à onze heures trente. Où êtes-vous allé ensuite ?
— J’avais quartier libre, en principe, le PM ne bougeait pas d’ici avant le déjeuner, il passait dans son appart privé, embrasser ses enfants, comme tous les mercredis.
— Sur son agenda, je n’ai rien vu d’inscrit entre la fin de la réunion et le déjeuner, donc, vous avez raison, il est certainement passé chez lui. Vous voilez que j’appelle son épouse, je la connais, j’ai de bonnes relations avec elle, c’est une femme charmante, pas comme celle du…
Églantine s’arrête net, elle ne doit pas dire ce qu’elle pense, cela ne se fait pas ici, dans les hautes sphères du pouvoir.
Oscar la fixe maintenant dans les yeux, il a son regard gourmand, elle déteste ça, une fois, il a essayé de la coincer dans le couloir qui conduit aux toilettes et elle ne lui a échappé que parce que sa collègue Nicole l’a appelée, s’étonnant de la durée de son absence. Il n’a pas répondu quand elle lui a proposé de téléphoner à Madame Fombard, elle va le faire, elle tape l’indicatif sur le téléphone :
— Bonjour Madame, excusez-moi de vous déranger, Oscar est à la recherche de Monsieur le Premier Ministre, serait-il en votre compagnie ?
— Non ? Vous ne savez pas où il est. Excusez-moi encore une fois, et bonne après-midi.
Églantine raccroche et transmet l’information à Oscar qui arpente nerveusement le bureau :
— Il n’est pas passé voir ses enfants et Madame Fombard dit que c’est la première fois que cela arrive,, du moins, lorsqu’il est à Paris, bien sûr. Elle ne l’a pas eu au téléphone, non plus, elle pense qu’il a été appelé en urgence quelque part.
— Ç a devient inquiétant. Si encore je lui connaissais une back street… mais non, plus fidèle que lui, tu meurs…
— Voilà une chose qui peut arriver subitement.
— Je n’en aurais pas vu les prémisses, non, impossible, il fait qu’il l’ait rencontrée quelque part et moi, je suis toujours avec lui, je sais tout de lui. Bon, il faut que j’en parle au commandant. D’ici là, pas un mot à quiconque, hein, compris ?
— Oui, non, bien sûr, bouche cousue est ma devise.
— Oui, ça, pour vous la faire ouvrir, c’est pas facile. Allez à plus, j’espère que ce n’est qu’une fausse alerte.
Une fois qu’il est sorti de son bureau églantine respire à pleins poumons. Il l’oppresse, ce type, peut-être est-ce dû aussi au fait qu’elle le sait armé ? il camoufle un petit pistolet dans la poche intérieure de sa veste, il le lui a montré pour l’impressionner mais elle, cela ne l’a pas impressionnée, cela lui a foutu la trouille…
Prochain épisode le mercredi 1 er janvier. Bonne semaine