RENCONTRE DU COMMISSAIRE AGHILAS ET DE LEONORA QUESADO

 

 

ÉPISODE 11 : LEONORA QUESADO  RENCONTRE LE COMMISSAIRE AGHILAS, RUE DU BASTION

 

— Entrez, je vous en prie.

Tout en parlant, le commissaire Aghilas désigne la chaise devant son bureau, lui-même prend place sur son fauteuil pivotant. 

— Bien, je souhaite y voir plus clair dans la relation que vous aviez avec Madame Laurence Devieille.

— À vrai dire, aucune, je ne l’ai même pas rencontrée et c’est la raison pour laquelle je n’avais pas jugé utile de me manifester.

— Si j’ai bien compris ce que m’a expliqué ma gardienne de l’immeuble du 91 Rue Blomet, vous vous trouviez sur place le jour où Madame Devieille a été découverte assassinée.

— C’est exact, je me trouvais sur place, j’attendais Madame Devieille, conformément aux engagements de surveillance passés avec Inès Benlloch, directrice de l’agence de détectives privés, Vétoldi. Le rendez-vous avait été fixé à sept heures trente devant l’immeuble. Quand j’ai constaté que Madame Devieille était très en retard, je me suis inquiétée, j’ai tenté de la joindre par téléphone sans succès puis je suis allée voir la gardienne de l’immeuble, Madame Denise Frette. Elle m’a alors accompagnée dans l’appartement de madame Devieille et nous l’avons découverte dans son bureau. Ensuite, elle a appelé la police. 

— Donc, vous avez vu Madame Devieille contrairement à ce que vous m’aviez dit tout à l’heure.

— Commissaire, vous ne pouvez pas dire ça, cette femme, je ne l’ai jamais rencontré de son vivant, il me semble qu’on ne peut parler de rencontre que lorsque les deux personnes sont en vie. En l’occurrence, elle était morte et à mon avis depuis plusieurs heures.

— Ah oui, qu’est-ce qui vous fait dire ça ? 

— Le sang ne coulait plus. 

— Bravo, vous ne me paraissez pas avoir été perturbée par votre découverte.

— Si bien sûr, mais je réagis plutôt calmement aux évènements même graves comme le meurtre de Madame Devieille. 

— Vous avez tout de suite pensé à une mort violente ?

— Oui, évidemment, il y avait tout ce sang répandu autour de sa tête. Le doute n’était pas possible. 

— Avez-vous remarqué autre chose ? 

— Je ne sais pas… C’est plutôt une sorte de sensation que j’ai eue, mais à la réflexion, je me demande si je ne suis pas influencée par ces assassinats de femmes dont on entend parler tous les jours. Les maris qui tuent leurs femmes parce qu’ils n’acceptent pas d’être quittés. J’ai eu l’impression d’une grande violence, d’une sorte de vengeance… 

— Intéressant. Connaissez-vous la situation affective de Madame Devieille ?

— Je sais qu’elle vit seule, pour le reste, j’ignore si elle avait quelqu’un. Elle se disait poursuivi par un homme et soupçonnait son ancien petit ami de jeunesse qui était devenu un homme politique influent et qui est actuellement Ministre du Gouvernement, Donatien Donato. C’est la raison pour laquelle elle avait confié une mission à Inès Benlloch. Elle voulait identifier l’homme qui la poursuivait. 

— Qu’est-ce que vous en pensez ? 

— Je n’y crois pas trop… Une aussi vieille histoire et par ailleurs, ce Ministre est plutôt beau… Il doit avoir toutes les femmes qu’il veut à ses pieds. Le pouvoir attire les femmes comme le miel, les abeilles…Madame Frette m’a dit que Madame Devieille avait parfois des patients bizarres. ce crime me fait penser à un autre du même genre, une femme médecin qui a été assassinée dans son bureau par un drogué en manque. Pour ma part, je verrai bien une situation de ce genre. 

— Si cela pouvait être aussi simple. Écoutez, je vais vous révéler une information que vous devrez garder pour vous et ne répéter à personne.

— Pas même à ma patronne, Inès Benlloch ?

— Non, je la mettrai moi-même au courant si le besoin s’en fait sentir. Bien, on m’a demandé de clôturer au plus vite mon enquête, je n’ai donc absolument pas les moyens de la poursuivre et je suis censé transmettre les éléments que je possède au magistrat instructeur. L’espoir qui me reste est que celui-ci aura plus les mains libres que moi et qu’il ne recevra pas à son tour des restrictions émanant du Parquet. 

— C’est sans doute à cause du Ministre, mais comment aurait-il pu être au courant ?

— Je n’en ai aucune idée, mais là n’est pas le problème. À part votre première impression, est-ce que je peux savoir ce qui vous est venu à l’esprit après la macabre découverte ?

— Rien d’autre. Je ne me sens pas concernée par cette affaire. Je ne connaissais pas cette femme. J’étais censée la protéger ou du moins savoir qui la harcelait si toutefois ce qu’elle a raconté à Inès Benlloch correspondait à la réalité et elle est morte avant même que je ne fasse sa connaissance. Désolée commissaire, je ne peux rien ajouter à ce que je vous ai déjà dit. 

— Je comprends, je vous remercie. 

— Commissaire, j’aimerais savoir si vous allez convoquer Inès Benlloch ? 

— Oui, naturellement, elle connaissait la victime, je dois recueillir son témoignage et je dois le faire très vite compte tenu des instructions reçues par ma hiérarchie. 

— Je le lui dirai.

— Non, ce n’est pas la peine, je l’appellerai dès aujourd’hui, vous avez son numéro de portable ?

— Oui, bien sûr, je vous envoie sa fiche contact si vous le souhaitez ?

— Oui, bonne idée.

Leonora ouvre son portable et exécute la manœuvre tout de suite:

— C’est fait.

— Merci Madame Quesado. 

Le commissaire Aghilas se lève et Leonora en fait autant. Il arbore un beau sourire sur le seuil de la porte de son bureau et s’incline légèrement. Leonora Quesado sourit à son tour et elle parcourt le couloir à longues enjambées sportives. Il la suit du regard jusqu’à ce qu’elle gagne l’ascenseur, puis il revient dans son bureau et enclenche la fonction enregistrement. Il tient à réécouter la partie ou Leonora a abordé sa première impression… Par expérience, il sait à quel point ce genre de constatation peut représenter le démarrage d’une piste à laquelle un enquêteur ne penserait pas  À Suivre…

 

Suite au prochain épisode…Le dimanche 25 Juillet 2021…