Le réseau corse vaut bien le réseau des Francs Mac !

Vendredi 19 janvier 2018-01-18
Épisode 19 : Le réseau corse vaut bien le réseau des Francs Mac ! 

La veille, ou le jour même, Dominique Vétoldi s’était couché très tard, ou très tôt, l’esprit tourmenté par ce qu’il avait appris en lisant le journal du député. En arrivant au bureau qu’il occupait à l’Assemblée, il déposa ses affaires, fila à la buvette et faillit demander le contenu de la caméra au Maître d’hôtel. Merde, il avait été sur le point de commettre un impair terrible, quitter son habit d’ethnologue et se vêtir des prérogatives de commissaire. Il avala un café pour se calmer et retourna dans son bureau, il en avait marre de ne pouvoir mener son enquête comme il l’aurait voulu et comme cela aurait été efficace et il avait envie de tout envoyer promener. Il appela le président de l’Assemblée pour lui signifier qu’il songeait à mettre fin à la mission qu’il lui avait confiée.
 Désolé, F-X, je jette l’éponge.
  Comment cela Véto ?  Ce n’est pas possible, tu es le seul à être en mesure de découvrir la vérité, Grassiard n’avance pas et puis, tu ne peux pas me faire ça. Je n’aimais pas d’Arborville, c’était un emmerdeur moraliste et ennuyeux qui ne vivait que pour le retour de la Monarchie et de ses atours, mais de là à laisser son meurtre non élucidé, il y a de la marge. Moi président, cet assassinat ne restera pas impuni. Non, Véto, je refuse que tu abandonnes, tu as donné ton accord, tu n’as pas le droit de laisser tomber et si tu le faisais, j’aurais les moyens de te causer de sacrés ennuis…Je vais te parler franco, tu n’ignores pas la puissance des réseaux auxquels j’appartiens, et que je serais capable d’activer, ta carrière pourrait terriblement en souffrir. Véto, tu ne voudrais pas te retrouver à rechercher les chiens et les chats disparus, n’est-ce pas ? Tu souhaites qu’on fasse appel à toi pour des enquêtes croustillantes que tout le monde t’envie et dont ensuite, tu peux retirer une belle notoriété comme lors de ton enquête sur la disparition du président de la Sorbonne à New York 1, n’est-il pas vrai ?
– Salop !
L’injure lui échappa et cela eut pour effet de faire éclater de rire F-X-F.
Dominique Vétoldi  coupa la communication furieux. Oui, F-X-F avait les moyens de lui faire boire l’eau du ruisseau, il occupait une position en vue au sein d’une loge d’importance mondiale. Dominique Vétoldi, lui, avait toujours refusé de faire partie des Francs mac, il estimait que le réseau corse lui suffisait…Il serra les poings, il détestait qu’on le force à faire quelque chose qu’il n’avait pas envie de faire, mais dans les circonstances présentes, il n‘avait pas le choix, F-X-F avait été clair, il l’avait ouvertement menacé, il marmonna : Il ne faut jamais travailler pour un ancien ami, jamais, tu le savais pourtant ? T’es qu’un pauvre crétin, merde !
Il saisit une feuille d’un geste rageur, au point que le papier se déchira, il l’envoya direct dans la poubelle, prit une autre feuille qui suivit le même chemin, puis, sa colère étant un peu retombée, il se décida à ouvrir son carnet d’enquête et il lista ce qui lui paraissait le plus important dans ce qu’il avait appris la veille :
-L’origine Corse de madame d’Aborville, Céleste Pergola, née à Lucciana. En attente : Sandro m’en dira plus.
-La voix entendue lors de la conversation la veille avec madame d’Arborville, il avait cru reconnaître la voix du docteur Jean-Charles de Normandie, successeur du député assassiné et député actuel.
Tout en écrivant cette info, il se souvint qu’il avait enclenché l’enregistreur de son téléphone, par habitude. Il réécouta leur conversation. Oui, il ne s’était pas trompé, c’était la voix de Jean-Charles de Normandie. Que faisait JCDN à une heure pareille chez la femme de son ex-ami et député ?   Auquel des deux s’adresser pour connaître le but de cette présence tardive ?
Au moment où Vétoldi allait appeler JCDN, son téléphone vibra, il prit l’appel :
 Oui, j’écoute.
 Salut Dumi, c’est Sandro. Céleste Pergola est orpheline de père et de mère, elle a été élevée par ses grands-parents, et son grand-père, tiens-toi bien, c’est cet Andrea Bartoli sur lequel tu m’as demandé des infos.
 Pas possible ! L’étau se resserre sur ma jolie cliente au regard à lui donner le bon Dieu sans confession.
 Qu’est-ce que tu racontes avec ton Bon Dieu sans confession.
 T’inquiètes, c’est une expression pour les gens qui paraissent innocents et qui ne le sont pas vraiment.
 Sinon, Andrea Bartoli, il avait un garage autrefois, à Ponte Luccia, un beau garage. Il a pris sa retraite après avoir vendu son garage. Il paraît qu’il se plaint de ne plus voir sa petite-fille, elle le mépriserait d’après ce qu’il raconte partout, quand je dis partout, c’est à dire dans les cafés où il passe beaucoup de son temps…
 Ah merci, vieux, tu me rends un sacré service, je te revaudrai ça.
 Pas la peine, le plaisir est tout pour me. A quand notre prochaine partie de pétanque ?
  Pour les prochaines vacances, je prendrai peut-être quelques jours après cette enquête de merde, enfin, si j’arrive à y mettre un point final.
 – T’y parviendras, vieux frère, je te connais, tu y arrives toujours, je te fais confiance, allez, je te laisse, si t’as besoin d’autre chose, n’hésite pas, je ferai ce que je peux.
  Merci, merci !
Dominique Vétoldi sourit. Si jamais il était obligé un jour d’abandonner sa carrière de grand détective privé, il retournerait chez lui en Corse, se mettrait au revenu minimum et jouerait aux boules tous les après-midi, mais pour l’heure, il allait tenter de reprendre son enquête, muni des nouveaux éléments que lui avait donnés Sandro.

A suivre… Prochain épisode le vendredi 26 janvier 2018
Note 1
Le président de l’Assemblée Nationale, François-Xavier Falcone fait référence à Mortel Rendez-vous, roman policier de Susan Degeninville.
Information importante pour les lecteurs de Meurtre à l’Assemblée et son auteur, Susan Degeninville : Cinq romans sont actuellement disponibles en version numérique sur les sites internet, Amazon.fr, Cultura.com, carrefour.fr, decitre.fr
La grosse qui mangeait des bonbons—Un Fric-Frac peu catholik
Attentat à Belle-Ile—L’Amant sauvage—Mortel rendez-vous
A noter, La grosse qui mangeait des bonbons et Un fric-frac peu catholik sont également disponibles en version papier. Informations à demander sur l’adresse email suivante : mailto:[email protected]