LE DÉBRANCHEUR

Voici un nouveau feuilleton! L’histoire se passe dans les hôpitaux. Un débrancheur débranche depuis six mois, des patients hospitalisés. Certains meurent. La police est sur les dents. une magistrate enquêtrice a été désignée, il s’agit d’Alisoa Rakoto. 
1-Le débranchement
Quelques jours après les premiers débranchements dans les hôpitaux, la panique s’est installée.
Chaque matin, quelque part dans un hôpital de France, l’infirmier-e de nuit découvre un malade du service de réanimation, débranché.
Voilà maintenant six mois que le phénomène est apparu. Au début, les hôpitaux  ont étouffé les cas, mais ils n’ont pas pu continuer à passer sous silence les décès suspects, car des familles ont déposé plainte et la justice a été saisie. À Paris, plusieurs hôpitaux sont touchés.
Une enquête a démarré à la fois sur les cas déclarés et sur les décès qui avaient été dissimulés, ils  ont été étudiés cas par cas. Les infirmiers de nuit des hôpitaux concernés ont tous été entendus par la magistrate désignée pour cette enquête, Alisoa Rakoto, une jeune magistrate brillante, reconnue pour son professionnalisme. Elle a été nommée au Tribunal de Grande Instance de Paris depuis trois mois, elle était auparavant magistrate au TGI de Quimper. Un peu déboussolée au début par la vie à Paris, elle commence à se faire au rythme infernal d’une métropole.
Morgane, infirmière depuis onze ans, travaille au service de réanimation de l’hôpital Saint-Antoine, un des plus grands hôpitaux parisiens. Chaque matin, avant de passer le relais à l’équipe de jour, elle effectue sa dernière tournée. Le cœur battant la chamade, pire que si elle était amoureuse, l’angoisse la saisit, l’angoisse de retrouver un de ses patients, mort à la suite d’un débranchement.
Ils ne meurent pas tous, pourtant, certains survivent. L’agence de la Santé publique et toutes les structures concernées se penchent sur cette question : Comment se fait-il que certains patients survivent et d’autres non ?
Chaque cas de survie fait l’objet d’une enquête approfondie. On cherche à comprendre les paramètres de la survie des uns et du décès des autres. C’est le grand mystère de notre temps, où et quand se termine la vie ? Les medias se sont emparés du sujet à cause du cas d’un homme plongé dans le coma depuis dix ans, dont certaines fonctions corporelles subsistent comme la respiration autonome, mais qu’il fait nourrir artificiellement. Le progrès médical perturbe gravement la définition de la mort.
Alisoa repose le dossier, elle plisse le front. Dans son pays d’origine, on respecte encore la tradition, les gens meurent chez eux et la famille se réunit autour du mort pour le pleurer. On ne s’empresse pas de procéder à l’enterrement, non, on attend plusieurs jours et quand les débuts de putréfaction se manifestent, alors, on enterre le disparu. Elle est peut-être là, la solution, sortir les mourants de l’hôpital, les ramener chez eux et leur permettre de mourir, entouré de ceux qui les aiment.
 Oui, enfin, les proches aiment-ils réellement leurs mourants ? Rien n’est moins sûr !
Alisoa vient de parler à voix haute, elle se mord les lèvres, cela lui arrive souvent, en fait, elle s’est aperçue que cela lui arrivait quand elle était stressée par une affaire en cours qui la touchait particulièrement et c’est le cas pour le dossier des débranchés.
Bon, se dit-elle, cette fois, dans sa tête, ici, ce n’est pas grave, à Quimper, au TGI, c’était pénible avec Françoise le Quer, qui me faisait les gros yeux  à chaque fois que je m’exprimais à voix haute, elle pensait que je manquais d’éducation. nous ne nous entendions vraiment pas et heureusement que j’ai été nommée à Paris, je crois que notre couple aurait terminé dans le sang. Alisoa ne peut s’empêcher de rire en imaginant la greffière inanimée parce qu’elle l’aurait étranglée lors d’une crise de fureur. Aurait-elle la première magistrate à assassiner une personne ? Si elle avait le temps, elle lancerait une recherche sur internet, mais là, non, elle doit se concentrer. Elle a pris connaissance du rapport de l’enquête de police ou plutôt des enquêtes de police, car il y a une enquête par mort suspecte ; cependant, cela va s’arranger, un enquêteur du Quai des Orfèvres a été enfin désigné, il sera compétent pour la totalité des cas, ce qui est logique car les débranchements sont selon les constatations de la police scientifique, provoqués par la même personne. Ils ont réussi à dresser un portrait-robot en utilisant à la fois les relevés de la police et les indications données par la profileuse.
Il s’agirait d’un homme de taille moyenne, pointure 41, de grandes et fortes mains, et un souffle court car par hasard, un des débranchés avait son portable allumé et les bruits de la scène ont été enregistrés. On entend l’individu respirer bruyamment, se gratter la gorge et souffler. Une recherche de son odeur a été lancée qui utilise les plus récentes découvertes sur l’odeur spécifique de chaque individu. Le spectre de l’odeur n’est pas encore tout à fait au point, mais cela peut apporter un complément d’information. Pour le moment, Alisoa ,n’a absolument aucun suspect dans son viseur. Elle rencontre à déjeuner la profileuse, elle a envie de l’entendre décrire le tueur, cela lui donnera une version plus vivante et l’aidera à imaginer l’homme en train de s’attaquer à un nouveau branché…