Vendredi 31 août 2018
ÉPISODE 19 : Une journée hyper stressante à l’agence de pub’
La vie de Maeata avec son compagnon, Halidor, avait revêtu une routine qui somme toute, n’était pas désagréable.
Il était toujours là quand Maeata rentrait le soir après sa journée de travail, il l’accueillait avec les plus grandes marques d’affection, lui préparait un cocktail de fruits, lui racontait ce qu’il avait découvert de nouveau dans la journée puis à son tour, il l’écoutait relater les évènements qui avaient eu lieu à l’agence. L’appartement était nickel, le dîner en voie d’être prêt.
Tout en savourant son cocktail, Maeata tenta de chasser les soucis qu’elle rapportait du bureau.
Ce matin là, les correspondants de l’agence à Londres étaient venus et ils avaient travaillé tous ensemble sur un projet commun d’une importance capitale pour l’agence. Halidor posa la question :
– C’est un projet importait, mais qui porte sur quoi ? Sur le lancement d’un nouveau produit ?
– Je ne peux pas t’en parler, c’est un projet top secret.
– Même à moi ? Alors que tu es assurée que je ne dirais rien à personne ?
– Même à toi, et ce n’est pas parce que je n’ai pas confiance en toi, c’est parce que je n’en ai pas le droit. Interdiction absolue de parler à qui que ce soit de notre projet. Le boss a précisé, même aux personnes qui partagent votre vie.
Il fallait voir la tête de mes collègues, moi je n’ai pas réagi mais les remarques ont fusé de toute part. Mais que crains-tu ? Nos compagnons, compagnes savent garder un secret. Le chef a réaffirmé, très agacé : J’ai dit non, N.O.N. ! Et si j’apprenais que l’un de vous avait diffusé quoi que ce soit auprès d’un de ses proches, je le virerais immédiatement ! Vous avez compris ? Je n’aurais aucun état d’âme. Vous seriez licencié sur le champ, vous n’auriez même pas le temps de prendre vos affaires personnelles. Je me suis bien fait comprendre ?
Cette fois, l’ensemble des personnes présentes s’est tu et le chef a repris :
– Je veux entendre un, Oui je jure de garder le secret, et très fort. Alors, tous ont répété : Oui je le jure ! Moi, je n’ai pas ouvert la bouche, je trouvais scandaleux qu’il nous fasse si peu confiance qu’il faille jurer pour l’assurer qu’on respecterait le secret des affaires de l’agence. Il a remarqué que je n’avais pas participé au moutonnage collectif, alors il m’a dit : Maeata, tu passeras me voir dans mon bureau après la réunion. C’est ce que j’ai fait.
– Qu’est-ce qu’il t’a dit ?
– Il m’a demandé pourquoi je n’avais pas juré comme les autres et je lui ai expliqué que je n’acceptais pas qu’il ne me fasse pas confiance, que je travaillais depuis dix ans pour son agence et que jamais une fuite n’était parti d’un de mes bavardages. À ce moment-là, il m’a balancé : Même auprès de Kadvael, ton copain d’enfance ? J’étais décontenancée, je n’ai pu que balbutier : Kadvael ne travaille pas dans le même secteur, il est enseignant.
–Peut-être, mais il est engagé dans un mouvement politique Breton extrémiste.
– Et alors, il a la liberté de penser et de participer à un mouvement politique ; en outre, la Bretagne est indépendante, elle ne dépend pas de la France centrale.
– Eh bien, tu n’es peut-être pas au courant, mais ce mouvement a déclaré des boîtes comme la nôtre, ennemies du peuple.
– Peu importe, jamais Kadvael ne ferait quoi que ce soit qui pourrait me nuire. Il est et restera fidèle à notre amitié d’enfant et d’adolescent, jamais il ne me trahira.
– S’il s’attaque à notre agence, parmi d’autres, tu seras touchée de plein fouet.
Je l’ai regardé droit dans les yeux et j’ai demandé :
– C’est à dire ?
– Je constate que tout à l’heure, devant tous tes collègues de l’agence et plus grave devant ceux de Londres, tu as défié mon autorité, penses-tu que ce soit prudent ? Je tiens ton destin professionnel entre mes mains, tu es la seule dans ton couple à gagner ta vie ; si tu perds ton emploi, tu n’aurais plus de ressources.
– Si, je toucherais l’allocation minimale de survie.
Il a éclaté d’un rire sardonique et ensuite, il a commenté ma réponse :
– Et tu crois qu’avec ça, tu pourras continuer à vivre comme tu le fais, que tu pourras payer les traites de ton appartement, tes petites sorties… et tout le reste ?
– Je n’ai pas répondu, ce qui m’a le plus choquée est que j’avais l’impression qu’il connaissait tout de ma vie, et j’ai voulu savoir comment il s’était renseigné, j’i dit : Vous avez fait des recherches sur ma vie ? Comment se fait-il que vous sachiez autant de choses ?
– J’applique le principe de précaution, ma belle, et ce n’est pas tout, je sais aussi que tu as acquis un robot humanoïde qui te sert de compagnon. Tu en es contente ? Moi justement, je me demandais si je n’allais pas m’offrir une de ces petites merveilles toutes récentes, une ravissante robote parce que j’en ai ma claque de femmes humaines, elles ne sont jamais satisfaites et veulent toujours davantage. Avec une robote, je serais comblé, elle serait programmée pour moi et ne chercherait que mon plaisir. Bien, pour revenir à l’essentiel, j’espère que j’ai été clair et que tu as compris que je te demande de ne plus fréquenter Kadvael ?
– À ce moment-là, j’ai eu l’impression que mon cœur allait lâcher. J’avais des larmes plein les yeux. Kadvael, c’est toute ma jeunesse, je ne peux pas accepter de ne plus le voir, ce n’est pas possible.
– Alors, tu vas perdre ton boulot ?
– Non, il n’a pas le droit de me traiter comme ça, je ne suis pas son esclave et j’ai le droit de rencontrer qui je veux en dehors de mon travail.
Halidor laissa un petit temps avant de répondre en mettant le plus de chaleur humaine dans l’intonation de sa voix :
– En tout cas, je tiens à te dire que moi, je ne te laisserais pas tomber, quoi qu’il arrive, je t’aime.
– Oui mais toi, tu n’as pas le choix, tu n’as pas d’autonomie, tu ne saurais pas où aller si tu me quittais.
– Tu fais erreur, j’ai eu Madame Rêves sur Mesure au téléphone et elle m’a dit que si je souhaitais partir, elle me trouverait très facilement une compagne de remplacement parce que j’avais des tas de qualités.
Maeata n’en revenait pas, elle s’exclama, outrée que la vendeuse de la boutique des copains puisse s emmêler de sa vie intime :
– Elle est gonflée, celle-là !
– Depuis l’altercation que j’ai eue avec l’animateur, elle pense que tu ne t’en remettras pas, j’ai discuté avec elle et je lui ai dit que je te restais fidèle, que je m’étais attaché à toi, alors elle a dit que ce n’était pas possible, que les robots même humanoïdes ne pouvaient éprouver des sentiments mais moi, j’ai maintenu mon propos. Darling, I love you !
C’était le monde à l’envers, elle affrontait un patron humain dépourvu de sentiment et voilà qu’Halidor, son compagnon robot, exprimait un ses sentiments ! Maeata était touchée par le comportement d’Halidor, touchée par ce qu’il lui avait confié et touchée aussi par sa déclaration d’amour en anglais.
Elle le regarda, il était si beau, il avait l’air si tendre, elle lui sourit, il lui prit la main le plus doucement possible et il l’embrassa.
Elle était heureuse de voir qu’il choisissait de ne pas l’abandonner, mais cela ne suffisait pas à la rassurer. Il lui restait à elle à affronter la menace qui pesait sur son amitié avec Kadvael. Elle dit à Halidor :
– Il faut que je prévienne Kadvael, il faut qu’il sache qu’il est surveillé, fliqué parce que pour que mon chef soit au courant, c’est que sa situation est grave. Je ne comprends pas, la Bretagne est indépendante, quel peut être l’engagement de Kadvael ? Bon, j’y vais, je vais l’appeler, à tout à l’heure.
Maeata se réfugia dans la salle de bains, elle ferma la porte et se glissa sur un siège. Merlin, son robot lui proposa :
– Tu veux un massage de la tête pendant que tu téléphones ?
Elle sourit et pourtant depuis l’arrivée d’Halidor, il lui arrivait d’être obligée de régler les querelles entre Merlin et son compagnon. Merlin supportait très mal la rivalité avec le robot humanoïde, il avait perdu la place qu’il avait auparavant. Maeata le savait et elle voulut le rassurer, il lui avait toujours été fidèle et d’une complaisance à toute épreuve, faisant et refaisant un brushing à sa demande, aussi hocha-t-elle positivement la tête. Elle ordonna à sa montre : appelle Kadvael. Les sonneries s’égrenèrent et Kadvael décrocha…
À suivre…Prochain épisode le vendredi 7 septembre 2018…