vendredi 10 août 2018
Épisode 16 : Nouvelle campagne de Pub’
Le week-end avait passé si lentement que Maeata avait été jusqu’à en égrener chaque heure. Tout lui avait semblé interminable, y compris les moments passés avec Halidor. Elle avait traîné son projet à terminer comme un boulet.
Enfin, le lundi, elle avait éprouvé une grande satisfaction, elle avait réussi à terminer son projet et elle l’avait proposé à son boss et il l’avait approuvé.
Du coup les jours suivants, débarrassée de ce produit qu’elle n’aimait pas, elle avait pu se brancher sur un nouveau objet et celui-là lui convenait.
Il s’agissait de vanter les mérites d’un saladier automatique. Vous mettez les ingrédients, genre tomates, concombre, salade, quinoa et autres et votre saladier coupe ce qu’il y a à couper, prépare la sauce et enfin, vous prévient quand votre salade composée est prête. Vous n’avez plus qu’à ôter les parties supérieures qui ont servi à la préparation et à les poser dans votre évier nettoyant.
En raison de sa conscience professionnelle, Maeata avait tenu à l’essayer et elle s’était vraiment amusée. Elle l’avait prêté à Halidor mais l’appareil ne lui avait pas plu et il avait remarqué en affichant une moue très humaine :
– Mais Maeata, j’aime faire la cuisine et les salades particulièrement. Je ne vois pas l’intérêt de cette machine !
Maeata avait souri et rétorqué :
– Toi, peut-être, mais pense à tous et toutes celles qui n’ont pas la chance d’avoir un compagnon ou une compagne à la maison, ils ont besoin de ce genre d’aide culinaire.
– Tu ne trouves pas que d’avoir quelqu’un comme moi, c’est pas mieux ? Moi, je sers à tout, je peux être aide culinaire et bien d’autres aides aussi. Je fais le lit, je mets en marche le robot aspirateur, j’envoie les commandes préparées par le placard à provisions et par le réfrigérateur et je complète aussi quand ils oublient quelque chose et qu’il y a un nouveau produit intéressant, je suis là quand tu rentres. Ton saladier, est-ce que seulement il pourra intégrer les mises à jour pour proposer les nouveaux ingrédients ?
Halidor lui avait posé une colle, mais sa question était super astucieuse et du coup, dés le lendemain, elle vérifia si le saladier était connecté sur les produits susceptibles d’apparaître dans les vitrines de vente de produits destinés à la confection de salades composées. C’était le cas.
Le mardi soir en rentrant à l’appartement, elle avait félicité Halidor et il s’était réjoui comme un enfant :
– Tu vois, je ne suis pas que ton compagnon, je te suis aussi utile dans ton travail.
Elle l’avait encouragé :
– Oui et c’est très bien, vu la place de mon job dans ma vie, je suis heureuse de pouvoir t’en parler, d’autant plus que tu allies une vision classique et une vision futuriste des objets, vision globale que je ne possède pas toujours.
Maeata sourit, en repensant à son échange avec Halidir, le week-end dernier s’était si bien passé qu’elle en avait presque oublié l’incident avec l’animateur…
Ah, super ! En outre, elle venait d’avoir une idée et elle décida de la soumettre tout de suite au vidéaste qui travaillait avec elle. Au lieu de lui envoyer la nouvelle via leurs ordinateurs respectifs, elle se leva et se dirigea vers le poste de son collègue :
– Salut Vic’, voici le produit que je dois influencer, tu ne trouves pas qu’il ressemble à un jouet ?
– Il sert à quoi ?
– C’est un saladier automatique, il fait tout, couper, assaisonner, répartir les proportions.
– Et que veux-tu me demander ?
– J’ai pensé que comme il ressemble à un jouet, je pourrais démarrer ma campagne sur cette idée, Voici votre nouveau cook-toy, cerise sur le gâteau, il vous sert de saladier automatique. Confiez-lui les ingrédients que vous voulez ou bien laissez-le faire et obtenez une salade de chef ! Qu’en penses-tu ?
– Cook, ne convient pas, parce que ton saladier, c’est une aide spécialisée, il ne te fait que les salades, tu as des robots de cuisine bien plus complets.
– Je ne crois pas que des robots préparent des salades.
– Bien sûr que si, ils te font tout, tu demandes et c’est parti. J’en ai un à la maison, et il s’appelle Cook-all. Il m’a déjà préparé des salades.
– Y compris la sauce ?
– Mais oui, je te dis, il fait tout.
– Dommage, mais j’insiste sur l’idée de jouet pour adultes.
– Oui, mais là, tu fais fausse route, les jouets pour adultes, c’est déjà pris par le monde des sex-toys.
– Pfuitt, tu ne penses quà ça ! Mais cook-toy, ça n’existe pas ?
– Je pense que c‘est trop large pour l’objet. Ceci dit, si tu y tiens, je peux te faire une petite vidéo sympa avec un saladier muni de petits bras qui s’agitent pour préparer ta salade, pas de soucis, mais ce ne sera pas très original. Quelle serait l’idée principale que tu voudrais faire passer ? Gagner du temps, s’amuser, laisser le saladier te préparer une recette, choisir ta recette ?
– Je ne sais pas.
– Alors, réfléchis-y et reviens me voir plus tard, OK ?
– OK.
Maeata retourna à sa table de travail, elle était très déçue, si Vic’ n’était pas partant, c’était que son idée n’était pas bonne. Pourtant, elle voulait garder l’allusion au jouet. Cet objet n’était pas indispensable puisque selon Vic’, les robots cuisiniers accomplissaient déjà cette tâche spécialisée. Oui, mais le robot cuisinier était une énorme machine peu attrayante, très lourde à déplacer, alors que le saladier était maniable et plutôt beau et amusant, composé de ses différentes parties colorées, chacune différemment. En outre, les couleurs pouvaient être modifiées à la demande du client. Il lui fallait mettre en valeur cet aspect de l’objet. Elle envoya cette pensée à son ordinateur qui l’inscrivit aussitôt sur l’écran : Vous pouvez assortir votre cook-toy à votre cuisine ; en lisant le message, Maeata secoua la tête : Non, Vic’ avait raison, il lui fallait abandonner cook, le mot était trop large en comparaison de la fonction de cet objet uniquement destiné à la fabrication de salades. Alors pourquoi pas, Salad-toy ?
Maeata décida de garder salad-toy, car elle ne voulait pas abandonner l’idée de rapprocher l’objet et le jeu, d’autant plus qu‘avec cette machine, préparer des salades originales et délicieuses, était vraiment un jeu d‘enfant. Elle juxtaposa les mots, Kid, cook, salad, toy…
Puis elle réétudia la fonction couleur à la demande. Effectivement, la machine était fabriquée dans un matériau qui permettait d’en modifier la couleur, il suffisait pour cela d’appuyer sur un bouton ou d’utiliser la commande vocale : Base violette, capsule rose, couvercle rouge.
La fabrique à salade lui obéissait au doigt et à la voix. Et pourquoi pas Fabric’salad ? Après tout, ce mot traduisait exactement la fonction de l’objet, mais il lui fallait abandonner le mot toy et c’était bien dommage. Après avoir vérifié qu’un nombre suffisant de consommateurs testeurs étaient présents sur la plateforme de l’agence et donc prêts à répondre très rapidement, elle envoya le questionnaire automatique, le questionnaire décrivait l’objet et proposait plusieurs noms. Elle se détendit, elle se plierait à la majorité. Il était seize heures, elle obtiendrait la réponse avant son départ du bureau…
Cook-toy : Contraction de cook, cuisine et toy, jouet
À suivre… le vendredi 17 août 2018