ÉPISODE 16 : Dominique Vétoldi joue cartes sur table !

Vendredi 29 décembre 2017 
ÉPISODE 16 : Dominique Vétoldi joue cartes sur table !
La veille, Dominique Vétoldi avait été plus qu’intrigué par le contenu des lettres adressées par Yvon le Goff au député assassiné. Ainsi, il avait appris qu’HDA versait une mensualité à la mère d’un petit garçon né récemment, un certain petit Hugues…La vie privée d’HDA qui apparaissait de prime abord comme tellement limpide s’avérait plus complexe et plus sinueuse. Auprès de qui apprendre quelque chose sur la vie privée d’HDA, des informations gardées secrètes ? Et pour commencer où habitait cette jeune femme ? Il lui fallait commencer par des recherches sur la famille le Goff.
Mais comment entreprendre de telles recherches ? Vétoldi n’avait ni les outils ni la position sociale officielle qui lui aurait donné les moyens de le faire. Il murmura : Quel dommage que les renseignements généraux aient disparu, le service central de renseignement territorial n’est pas aussi bien implanté sur le terrain…
Cependant, résolu à trouver un joint, il poursuivit sa réflexion, en consultant l’organigramme du Service Central de la Sécurité Territoriale, ce qui confirma une information dont il avait connaissance, à savoir que la division Nationale de Recherche et d’appui (DNRA) si elle était toute récente, présentait un intérêt certain ;  A sa tête, il y avait Thomas Bartoli, un de ses concitoyens Corses ! Vétoldi retrouva le sourire, il pouvait l’appeler, ce qu’il fit aussitôt. Il ne put l’obtenir mais son adjoint lui promit de le prévenir dés qu’il l’aurait lui-même en communication, sans doute un peu plus tard dans la journée, car le commissaire divisionnaire Bartoli était en déplacement en province. Vétoldi était confiant, Bartoli n’aurait aucune raison de s’opposer à ce que le représentant zonale du renseignement territorial de Vendée soit mis dans la confidence s’il ne l’était pas déjà par une voie plus officielle. Là-dessus, il appela le commandant Grassiard, il allait lui poser la question, cela lui éviterait de commettre un impair. 
 Bonjour commandant, dites-moi, je voudrais savoir si vous avez obtenu des informations sur la vie privée d’Hugues d’Arborville de la part du responsable de la zone du renseignement territorial ?
 Je n’en ai pas demandé, pourquoi, vous pensez que cela pourrait être utile ?
 Oui, j’ai appris quelque chose qui m’intrigue, je peux passer vous voir tout de suite ?
 Oui, vous pouvez. A tout de suite.
Décidé à jouer cartes sur table vis à vis du commandant Grassiard,  pour cette partie de son enquête, Vétoldi fila jusqu’à son bureau.
 Vous voulez un café ?
 Volontiers.
 Une fois qu’ils furent installés tous les deux devant leur tasse de café noir, le commandant Grassiard posa la question qui lui brûlait les lèvres :
 Vous avez mis la main que quelque chose de croustillant ? Je suppose que c’est lors de votre visite à sa veuve ?
Vétoldi avala sa salive, ainsi Grassiard savait qu’il avait fait le voyage pour Fontenay-le-Comte ? Il décida de ne pas relever ce fait, se contentant de froncer les sourcils.
 Oui, mais pas auprès de sa veuve, par un autre moyen. Voilà les faits : Hugues d’Arborville versait une pension alimentaire à la mère d’un petit garçon prénommé Hugues, et cette femme vivait très probablement à Fontenay-le-Comte puisque le baptême du petit avait eu lieu à l’église principale de cette commune, la commune de d’Arborville. 
 C’est intéressant, je ne suis pas au courant, vous en déduisez que d’Arborville était le père de cet enfant ?
 Je n’en ai pas la preuve mais s’il versait de l’argent à sa mère, il y a des chances pour qu’il ait eu un lien de parenté avec l’enfant. Ce que je trouve curieux, c’est que ni sa femme ni semble-t-il, la rumeur publique n’en ait fait état, or Fontenay-le-Comte est une petite ville où à mon avis, tout se sait.
 Même si elle était au courant, sa femme ne vous en aurait rien dit, c’est un élément qui peut être retenu à charge contre elle. Quant à ce que vous appelez la rumeur publique, vous voulez parler du café où vous vous êtes arrêté après votre arrivée ? 
Vétoldi eut un mouvement de recul, il faillit s’étrangler, et il murmura :
 Vous me faites suivre ?
 Ah, ah, ah, elle est bien bonne ! Comme si j’avais besoin de vous faire suivre pour savoir ce que vous fricotez !  Non, je ne vous fais pas suivre mais il se trouve qu’un de nos correspondants en liaison avec les agents du renseignement territorial se trouvait au café en même temps que vous.
 Pourtant il me semble que lorsqu’il s’est adressé à moi, le cafetier a fait attention de ne pas être écouté.
 Bien évidemment, mais en l’occurrence, c’est lui qui nous sert de correspondant, comme assez souvent, les tenanciers de cafés.
Un peu à contrecœur, Dominique Vétoldi le complimenta à sa façon :
 Bien joué, commandant !
 Bien, pour en revenir à l’affaire qui vous amène, il ne nous en a rien dit jusqu’à présent, et ça m’étonne. Ne vous inquiétez pas, on va lui tirer les oreilles à cet olibrius, je vais appeler le responsable de la zone et on aura l’information. En tout cas, merci pour votre franchise, d’autant plus que jusqu’à présent, j’avais le sentiment que vous jouiez cavalier seul et ça m’embêtait un peu. Nous devons nous serrer les coudes pour découvrir ce qui s‘est passé, il y va de la sécurité des représentants de la Nation et j’en suis responsable dans la maison du peuple. Vous n’imaginez pas à quel point je me suis senti remis en cause à la suite de cette mort tragique que je n’ai pas sue et pas pue prévenir alors même, qu’elle a eu lieu dans mon champ de compétences.
 Je suppose que vous savez comme moi que c’est le saucisson qui était empoisonné, et donc, comme il venait de l’extérieur, il a sans nul doute été empoisonné à l’extérieur de l’Assemblée Nationale, et dans ce cas, vous n’êtes pour rien dans cette affaire.
 Mais le meurtre a eu lieu ici même. Peu importe la cause, il est mort ici  dans les locaux où je suis le responsable de la sécurité des personnes. C’était mon devoir de prévenir ce grave incident; quel degré de confiance pourront m’accorder dorénavant les députés et le personnel de cette maison si un meurtre peut avoir lieu ?
 Mais personne ne sait que c’est un meurtre.
 Vous croyez ? Ce n’est pas mon opinion. En tout cas, à Fontenay-le-Comte, les gens sont persuadés que d’Arborville a été assassiné et il n’y aucune raison valable pour penser qu’ici même, d’aucuns émettent des doutes sous l’hypothèse avancée par la présidence de la mort naturelle d’Hugues d’Arborville. Enfin, let’s go ! Merci pour l’info, je m’en occupe et je vous tiens au courant.
 Merci à vous, commandant et à bientôt, cela m’évitera d’agir par la bande.
  Par la bande, vous voulez dire par le réseau Corse ?
Le commandant Grassiard sourit, il avait les yeux pétillants et Dominique Vétoldi se sentit comme la mouche qui a trempé ses pattes dans le pot de miel et qui s’en retrouve prisonnière. Il sortit du bureau mi-inquiet, mi-satisfait. En tout cas, il avait bien fait cette fois, de jouer cartes sur table, mais heureusement pour lui il avait encore une sacrée cartouche personnelle, le journal du député et cette cartouche là, il n’avait pas l’intention d’en faire part au commandant Grassiard, il voulait l’utiliser pour son enquête. Il allait de ce pas, se remettre à sa lecture et voir si l’autre paquet de lettres qu’il avait sélectionnées pouvait lui apporter une information intéressante.
A suivre…

Prochain épisode le vendredi 5 janvier 2018 !