ÉPISODE 15 : Convocation chez le boss

Vendredi 3 août 2018 : 
Épisode 15 : Convocation chez le boss
Presque une semaine que Maeata tergiversait, changeait continuellement ‘avis au sujet de son compagnon Halidor. Son travail en pâtissait et dans quelques minutes, elle allait se retrouver devant son directeur. Elle consulta nerveusement l’heure, deux minutes, dans deux minutes elle devait se retrouver dans le bureau directorial.
Elle se leva, prit sa serviette qui contenait son ordinateur et sa trousse de beauté et prit la direction des toilettes. 
Le miroir lui renvoya l’image d’une jeune femme inquiète, au visage aux traits tirés. Elle passa un anticerne sous ses paupières, un coup de blush sur ses pommettes et repoussa ses cheveux en arrière. Ils avaient poussé, elle sortit un élastique de sa trousse, ramassa ses cheveux en une queue qu’elle serra fort sur le dessus de sa tête.
Elle sourit, elle appliquait une des recettes de sa mère :Quand tu n’as pas ta mine habituelle, et que tu as un rancart important, tire tes cheveux, ça donne bonne mine, en en entraînant la peau de ton visage vers l’arrière, tu t’offres un coup de jeune ! 
Hum, elle n’avait pourtant que trente ans… Qu’est-ce que ce serait dans dix ans ? 
Mais non, dans dix ans, elle serait superbe, il n’y avait qu’à voir sa mère qui venait de franchir le cap des cinquante ans et qui était à en croire son ami Kadvael, absolument magnifique ! 
Elle replia ses affaires et se dirigea vers le bureau du boss.
La porte était grande ouverte, elle frappa doucement et il lui dit :
– Entre, je t’attendais. Bien assieds-toi. Il y a un moment qu’on ne s’est pas vus. Tu as des soucis d’ordre privé ?
Maeata ne se déroba pas, elle savait que son histoire avec Halidor perturbait gravement son travail. 
– Oui.
– Tu veux m’en parler ?
– C’est très délicat.
– On m’a dit que tu partageais ta vie avec un nouveau compagnon, tu sais, si ça ne va pas, sépare-toi de lui sans attendre, crois-en mon expérience, quand ça ne gaze pas au début, ça ne s’arrange jamais.
Les innombrables et brèves unions de Raphaël Domar défilèrent dans la mémoire de Maeata et elle ne put s’empêcher de sourire, il commenta :
– Oui, je sais je ne suis pas un exemple, mais au moins, je n’ai jamais été malheureux longtemps ! Venons-en au sujet du jour. Tu es sur le même dossier depuis trop de temps et tu n’avances pas. Qu’est-ce qui ne colle pas avec ce produit ?
– Il ne me plaît pas.
– Et depuis quand un produit doit-il te plaire pour que tu puisses en vanter les qualités ? 
– Eh bien j’y ai réfléchi et c’est bizarre, c’est depuis que je suis en couple.
– Donc ton compagnon a une influence négative sur ton boulot, et ça c’est pas bon. Jusqu’à présent, je t’ai toujours considérée comme un de mes meilleurs éléments mais là, je ne le pense plus et si cette situation devait perdurer, il faut que tu saches que je ne pourrai pas te garder car tout simplement, je n’ai pas les moyens de te payer si tu n’es pas rentable.
– Pourquoi n’embauches-tu pas des robots ? Ils ont progressé et ils feraient mieux que moi.
– Non, pas dans ta partie. La créativité et les robots, ça ne fait pas bon ménage, ils ne sont capable que de reproduction et jusqu’à présent, on n’a pas trouvé le moyen d’imaginer toutes les idées qu’un bon créatif pouvait avoir. 
L’image d’Halidor frappant l’animateur surgit dans la tête de Maeata, elle approuva :
– Oui, tu as raison et c’est bien mon problème.
– Que veux-tu me dire par là ? Tu n’as quand même pas décidé de partager ta vie avec un robot ?
– Eh bien si…
– Mais enfin Maeata, jolie comme tu es, c’est aberrant, tu peux avoir n’importe quel humain ! 
– Je voulais me stabiliser, être au calme, avoir un homme à la maison qui me débarrasse de tout ce que je n’aime pas faire. 
– C’est n’importe quoi, il y a les robots pour ça, des vrais, pas ces nouveaux hommes robots que leurs vendeurs comparent à des vrais humains mais qui n’en sont pas. Maeata, il est sous garantie ?
– Oui, Alors, pas d’hésitations, renvoie-le au fabricant.
– Je ne peux pas, il a été fabriqué pour moi, avec les caractéristiques que j’ai indiquées et tout allait bien jusqu’à la fête.
– Qu’est-ce qui s’est passé ?
– Il a frappé un animateur. Ce n’est pas de sa faute, il a cru être agressé et il ne s’est pas rendu compte de sa force, l’animateur est à l’hôpital avec un traumatisme crânien. 
– Tu es bien assurée au moins ? 
– Oui, il n’y a pas de souci de ce côté-là, mais je ne sais pas quelle décision prendre. Je me suis habituée à la présence d’Halidor.
– Réfléchis, il a attaqué un homme, le jour où tu auras un geste qu’il ne comprendra pas, il peut te blesser gravement, tu y as pensé ? 
– Non, ça ne m’est pas venu à l’idée, il est si gentil avec moi, il ne sait pas quoi faire pour se faire pardonner, je crois qu’il a peur que je ne le garde pas. 
– Ne lui prêtes pas des sentiments qu’il est incapable d’avoir. C’est un robot et même s’il a l’apparence d’un homme, c’est une machine. Traite-le en machine. Tu as le droit de t’être trompé, rends-le, il ne peut t’apporter que des désillusions, des déboires, et plus tu attends, plus tu cours de risques. 
Voyant que Maeata ne régissait pas, le boss conclut l’entretien :  
– Bien, ce chapitre est clos, tu as deux jours pour boucler ton dossier, je te revoie avec ton projet terminé lundi. Bosse bien !
– Deux jours ! 
– Oui, c’est largement suffisant, j’aurais dû te donner un délai plus tôt, j’ai patienté, maintenant, c’est fini. Allez au boulot, Maeata. A lundi. Tu as de la chance, tu as deux jours et tu as tout un week-end. 
– Au revoir Raphaël. 
– Au revoir ma cherie.
Maeata sortit du bureau. Ma chérie ?Avait-elle bien entendu ? C’était la première fois que Raphaël lui donnait du ma chérie, qu’est-ce que ça signifiait ? 
À suivre… Prochain rendez-vous le vendredi 10 août 2018