BUS MORTEL – ÉPISODE 6

ÉPISODE 6 – ENTRETIEN TÉLÉPHONIQUE AVEC LE DÉTECTIVE PRIVÉ MEXICAIN


A-380- FLOTTE AIR FRANCE- Source photo : La Dépêche du Midi. 


Inès Benlloch raccroche, elle vient d’avoir un long entretien avec le détective recruté par sa cliente. Il porte le nom d’un site Maya, Xiapak et Angel, son prénom, est d’origine espagnole. À lui seul, son patronyme est un résumé de l’histoire du Mexique. Sa voix est jeune, mais Inès n’a pas pu voir son visage. Dommage, parce que sa voix chaude aux tonalités harmonieuses l’amène à imaginer un bel homme issu d’une mixité qui donne souvent les plus attirants des êtres humains. 
Inès sourit, ce n’est évidemment pas le plus important, ce qui compte, c’est qu’il a l’air efficace et c’est le cas. Alors qu’il n’est chargé de sa mission que depuis deux jours, il s’est rendu à l’aéroport de Merida où il a mené une enquête sur le fonctionnement des bornes d’enregistrement et plus précisément sur les deux qui sont placées dans l’aire de la compagnie aérienne qui a affrété le vol pris par Adelia Alonso entre Merida et Mexico. 
Angel Xiapak a passé plusieurs heures sur place, après avoir été autorisé à filmer les passagers en partance. La compagnie aérienne est une petite compagnie mexicaine qui assure essentiellement des dessertes intérieures et quelques destinations du sud des États-Unis. 
Angel Xiapak est d’abord parti sur une fausse piste, en effet, il a répertorié les passagers de Merida à Mexico qui avaient ensuite emprunté le vol  de Mexico à Paris, puis il s’est aperçu que de nombreux passagers  arrivant de plusieurs autres destinations étaient tenus de récupérer leurs bagages à Mexico, lors de leur transfert et de les réenregistrer pour le vol Air France vers Roissy.  Cela a été le cas pour le vol d’Adelia Alonso. Ce vol a été affrété par Air France, sur un A 380 qui compte 516 sièges. Xiapak est entré en relation avec Air France, il a appris que ce vol était complet à la réservation et que seuls onze passagers ne s’étaient pas présentés à l’embarquement. Il a poussé le zèle jusqu’à vérifier si ces onze passagers avaient procédé à l’enregistrement de leurs bagages à Mexico. Trois passagers parmi eux avaient préenregistré leurs bagages mais aucun ne correspondait au sac. Il a promis à Inès de passer au peigne fin les enregistrements des bagages des passagers qui ont effectué le voyage, c’est-à-dire, 505 passagers et 808 bagages. Ce sera long, a-t-il précisé…
Après cet entretien téléphonique, Inès Benlloch hésite sur ce qu’elle pourrait entreprendre, elle manque un peu d’idées et se dit que c’est l’expérience des enquêtes qui lui fait défaut. Cependant, en réfléchissant, elle se demande si visionner les vidéos des caméras situées dans la zone de délivrance des bagages ne pourrait pas débloquer la situation. Elle se met en relation avec la police de l’air de l’aéroport de Roissy et décroche un rendez-vous avec un fonctionnaire pour le lendemain. Le plus urgent sera d’obtenir de la magistrate chargée d’instruire la plainte contre sa cliente, un référé autorisant la communication des enregistrements à l’avocate et ça, c’est le boulot de l’avocate ; aussi l’appelle-t-elle tout de suite. Maître Océane Le Bihan l’assure que cette démarche sera faite et elle profite de son appel pour lui communiquer le nom de la collaboratrice à laquelle elle a délégué le dossier Alonso. il s’agit de Maître Houria Benkimoun. Elle précise que cette avocate est jeune, mais qu’elle s’est montrée pugnace et sérieuse lors de deux précédentes affaires. 
Cette information positive redonne de l’optimisme à Inès Benlloch. Avant de raccrocher, elle demande à l’avocate, si elle a reçu leur cliente commune et celle-ci lui répond par l’affirmative : Je l’ai reçue moi-même et ensuite, elle a rencontré  son avocate en titre, Houria Benkimoun. Il semble que  la  deuxième audience n’aura lieu que dans deux ou trois mois, car la magistrate est débordée. En outre, pour gagner encore du temps, mon avocate a soulevé un problème de compétence du tribunal de Paris. En effet, nous sommes en droit de penser que c’est le tribunal de Grande Instance de Pontoise qui serait compétent puisque le sac  a transité par Roissy…. 
Inès fronce les sourcils en écoutant cette argumentation ; jusqu’à présent, elle était persuadée que le tribunal compétent était celui du domicile du mis en cause et donc dans cette affaire, le tribunal de Paris, mais Maître Le Bihan doit savoir ce qu’elle fait et elle, Inès ne peut pas prétendre la superviser. Si elle a conseillé cette avocate à sa cliente, c’est pour blinder le côté judiciaire de l’affaire et aider sa cliente et ce n’est pas pour remettre en question ses décisions. 
48 heures plus tard, Inès Benlloch est en possession des vidéos. Les yeux rivés sur les passagers agglutinés autour du tapis à bagages qui tourne en continu, elle scrute leurs visages. Elle reconnaît Adelia Alonso qui saisit sa valise et s’éloigne rapidement. Elle capte puis met en mémoire les photographies des passagers, puis décide de visionner les images stockées par les caméras du Roissybus emprunté par sa cliente. Elle n’a pas d’image lors du chargement de la soute, mais elle possède les photos des passagers. Ensuite, elle recoupe leurs visages avec ceux du tapis des bagages. Mais après réflexion, elle se dit que cette recherche des passagers du bus n’est pas intéressante puisque le sac a pu être chargé dans le bus par une personne qui ensuite n’est pas monté dans le bus.  I
nès se creuse le cerveau et tente de se mettre à la place des trafiquants. Leur but était que le sac arrive à Paris, ce but a été atteint, mais alors pourquoi le destinataire n’est-il pas venu récupérer le sac à Opéra ?
 Inès comprend cette fois que le but n’était peut-être pas de livrer de la drogue, mais qu’il était de compromettre Inès Benlloch et dans ces conditions, un nouveau point de départ de son enquête se fait jour ainsi que les démarches qui en découlent, elle les liste : 
– Enquêter sur la vie de sa cliente à Paris 
– Enquêter sur les séjours de sa cliente à New York
– Enquêter sur la vie de sa cliente à Merida, et ça, c’est le travail d’Angel Xiapak
En écrivant son nom, Inès décide de lui envoyer les photos des passagers qui ont récupéré leurs bagages à Roissy et elle lui suggère de tenter d’obtenir les photos des passagers qui auraient enregistré leurs bagages à Mexico pour le vol Air France, Mexico-Paris. Qui sait si des différences ne pourraient apparaître ? Par exemple, une personne enregistre une valise à Merida et cette même valise est enregistrée par un autre passager à Mexico. 
Cette idée lui en suggère une autre : Le sac au nom d’Adelia Alonso était-il le seul à transporter de la drogue sur le vol ou bien a-t-il servi à détourner l’attention et à placer Adelia Alonso en centre de la cible ? …
À Suivre… Prochain épisode le Dimanche 12 Mars 2020…