LE PUITS : ÉPISODE 6 : SUR LE LIEUX DE L’AGRESSION

                                                               TIC et son matériel

                                                      Source photo : police-scientifique.com


ÉPISODE 6 : SUR LE LIEUX DE L’AGRESSION

Dimanche 27 décembre 2020 : 

Cet épisode est le dernier épisode de l’année 2020 !

Le prochain épisode sera publié, l’année prochaine et nous serons  en 2021.

 

Le commissaire Vétoldi accompagné de l’inspecteur Auster est arrivé dans la cour de la maison où aurait été séquestrée la plaignante reçue un peu plus tôt, au commissariat. 

 

En face de la maison, le commissaire Vétoldi s’arrête un instant. Il hésite entre se rendre directement sur les lieux d’où s’est échappée la victime, le puits, ou entrer dans la maison. Il décide de respecter ce qui s’est réellement déroulé le film et pour cela, il demande à la victime :

— Pouvez-vous m’expliquer ce que vous avez fait ici, nous allons mener une sorte de répétition. 

La jeune femme déglutit, elle est presque au bord de la panique mais elle parvient à se ressaisir et elle accepte : 

— Oui commissaire, je vais essayer.

Elle contourne la maison sur la droite et là, le puits trône planté sur l’herbe folle. Elle se dirige vers l’endroit maudit d’un pas lent. Arrivée au but, elle s’accroche à son rebord, sa tête tourne, c’est comme si… Elle s’exprime : 

— Je…Je… Je me sens mal, j’ai le vertige.

— Merci, vous pouvez vous écarter. Je vous demande  de confirmer ce que je vous dis. 

Visiblement soulagée, Isabelle Demurget répond :

— Merci Monsieur le commissaire, j’ai pensé une minute que vous alliez me demander de redescendre dans le puits et ça, je ne pourrais pas.

— Donc, vous vous êtes réveillée dans le puits, vous aviez les mains et les pieds attachés avec du sparadrap. Qu’avez-vous fait de ce sparadrap ? 

— Je ne sais pas, il a dû tomber au fonds, il y est certainement encore.

Le commissaire Vétoldi se penche au-dessus du puits et pointe sa lampe de poche vers le fonds et tout autour sur toute la hauteur de la paroi ronde. Il ne voit rien qui ressemblerait à du sparadrap rose… Cela ne veut rien dire, les morceaux ont pu tomber au fond, dans la partie miroitante de l’eau qu’il aperçoit. 

— Après avoir ôté vos liens, qu’avez-vous fait ?

— Je suis remontée par l’échelle incrustée dans la paroi, vous ne la voyez pas ? 

Si, il la voit mais il se demande comment elle a pu trouver le force de sortir de ce trou. Monter à ce genre d’échelle n’est déjà pas facile pour une personne en très bon état physique mais pour une femme qui se dit avoir été retenue par des liens serrés, cela représenterait un véritable exploit. À moins que ses agresseurs aient seulement voulu la terroriser tout en lui laissant toutes les chances de s’en sortir. Que ce soit le cas ou non, elle doit être examinée en urgence par un médecin. Seul un médecin légiste sera en mesure de vérifier la solidité des liens et le moment où ils ont été placés, il pourra aussi noter les marques laissées par d’éventuels coups. Il dit à l’inspecteur Auster :

— Kevin, emmène Madame à l’hôpital, il est nécessaire qu’elle soit examinée par un médecin légiste. Je vais prévenir tout de suite celui que j’ai vu travailler lors d’une affaire récente. 

Il enclenche son téléphone sur le contact du docteur Dragos.

— Bonjour, c’est le commissaire Vétoldi, il faut que je vous envoie une cliente. Elle a été retenue prisonnière, on lui avait lié les mains et les pieds, elle vous racontera. Vous pouvez me la prendre en urgence ? 

— Ah, ah, vous voyez, quand je vous disais que nous allions travailler ensemble, je ne me trompais pas !

— Alors, c’est oui ?

— Oui, mais tout de suite, je l’examinerai avant le cadavre que j’ai sur les bras, je donne toujours la priorité aux vivants. Elle est mignonne, au moins, vous ne m’envoyez pas une moche, hein, commissaire, vous ne me feriez pas ça ? 

— Taisez-vous, vous êtes ignoble ! Je vous parle d’une victime et vous vous osez me demander si…

— Oh là, ne le prenez pas sur ce ton, je blague. Croyez-moi si dans le métier que je fais, je n’avais pas d’humour, je ne résisterais pas. Je vois des choses trop horribles. Si vous aviez comme moi, sous les yeux, le corps du jeune homme que je dois autopsier tout à l’heure, vous comprendriez que j’ai envie de me changer les idées. Allez, commissaire, sans rancune, envoyez moi la marchandise et que ça saute ! 

Le commissaire Vétoldi a un peu de mal à s’habituer aux manières de faire du docteur Ion-Dragos Virgil, médecin légiste franco-roumain, mais c’est un bon, il l’a vu à l’épreuve. Le mieux est de ne pas s’offusquer de ses manières un peu particulières. Il le remercie, met fin à l’échange téléphonique puis il s’adresse à son inspecteur : 

— Le docteur Virgil vous attend, il faut lui amener Madame Demurget.

— Et vous, commissaire, vous faites quoi ? 

— Moi, je vais rester ici et je vais joindre fissa l’équipe scientifique. Je t’appelle dès qu’ils sont là. Tu viendras me chercher, mais tu me feras relayer par un agent disponible. Je ne laisse jamais les scientifiques tous seuls. À tout à l’heure et fais presto, le docteur Dragos a un cadavre qu’il a accepté de laisser de côté pour examiner Madame Demurget. 

— D’accord, commissaire, à plus tard.

— À plus. 

Une fois son adjoint parti avec Isabelle Demurget, le commissaire se met véritablement au travail. L’examen approfondi du puits ne donne pas grand-chose et en outre, il ne veut pas descendre pour ne pas brouiller les indices éventuels qui seront relevés par l’équipe scientifique.

Il se dirige vers la maison et y pénètre par la porte située à l’arrière. Il a enfilé des gants et des chaussons de protection. Il parcourt le rez de chaussée, puis l’étage. Les pièces sentent l’humidité, cette maison n’est pas occupée régulièrement. La propriétaire lui a dit qu’elle la louait en gîte. Elle n’est pas chauffée. La salle de bains est plutôt vétuste, mais propre. Il entre dans une chambre vaste équipée d’un grand lit en bois et d’une armoire ancienne qu’il ouvre. Les portes grincent, il remarque qu’elle a été ouverte récemment. Peut-être par la victime qui lui a précisé qu’elle avait prélevé des vêtements avant de s’enfuir. 

Du linge de lit, des serviettes de toilette, du papier toilette et quelques produits d’hygiène comme du savon et du dentifrice. Il soulève le tas des draps et passe sa main dessous. Il ramène des photos. Il se rapproche de la fenêtre et ouvre en grand les volets. Il examine les photos. La première représente la victime nue, assise sur un sol en ciment grisâtre, pieds et mains attachés et laisse passée autour du cou. Son regard fixe laisse penser qu’elle a pu être droguée. Il regarde les autres photos qui elles aussi montrent la même femme vue sous d’autres angles. Elle est présentée comme le serait un animal, à quatre pattes, toujours en laisse. Une des photos permet de distinguer la main d’un homme. Ceci est un matériau intéressant à confier aux spécialistes. 

Le commissaire termine son inspection de la maison, il descend à la cave et reconnaît l’endroit où les photos ont été prises. Des crocs de boucher suspendus sur les murs laissent penser qu’ils ont pu servir à autre chose qu’à accrocher des animaux morts.

Il murmure : Dans quoi s’était-elle fourrée ? À moins qu’elle n’ait été enlevée ?

Si c’est le cas, il devra vérifier la liste des disparitions inquiétantes signalées depuis six mois, mais pour le moment, il doit attendre la venue de l’équipe scientifique. Il consulte son téléphone, voilà un peu plus d’une demi-heure qu’il les a appelés, ils ne devraient plus tarder. Il remonte de la cave en pensant que des gens tordus ont torturé des individus pour se donner du plaisir. Il retourne dans le jardin et s’approche du puits. Son téléphone vibre.

— Allo, commissaire, c’est Angèle Gesper, ingénieur au labo scientifique. Mon technicien vient de m’appeler, il a des difficultés à vous trouver, vous êtes où exactement ?

— Est-il arrivé à la ferme ?

— Oui et il attend mes instructions. 

— Dites-lui de prendre le chemin le long de la ferme en tournant le dos à la route, quelque cent mètres plus loin, il se retrouvera devant une le porte en bois, c’est là, il ne peut pas se tromper. Transmettez-lui mon numéro, je vais le guetter. 

— D’accord, merci commissaire, à un de ces jours. 

— C’est ça, à bientôt. 

Le commissaire Vétoldi garde son téléphone à la main et se dirige vers le portail du jardin. Il n’attend pas longtemps avant l’arrivée du technicien. Il l’accompagne jusqu’au puits, lui explique la version de la victime puis lui parle de ses propres constatations. Le technicien se met au travail, il enfile sa combinaison, il ouvre sa valise et commence par utiliser le crimescope et la luminescence sur les parois du puits. Des taches apparaissent, il dit :

— Il y a des taches de sang, elle a été blessée ? 

— Elle a une belle bosse sur le crâne, il est possible qu’elle ait un peu saigné au niveau de la tête, ses mains et ses pieds étaient liés par du sparadrap rose. Nous en saurons davantage quand elle aura été examinée. 

— Ce n’est pas fait ?

— Non, j’ai préféré qu’elle nous amène jusqu’ici en pensant que la priorité était la recherche d’indices sur ses agresseurs.  Mon adjoint vient de l’accompagner à l’hôpital. 

— On comparera son sang et celui-ci. Je vais descendre pour prélever un peu d’eau pour  l’analyser par la suite. 

— Il faudra que vous inspectiez aussi la maison, j’y ai découvert une salle de tortures. 

— Une salle de tortures ? Rien que ça, eh bien dites donc, moi qui croyais que la Bretagne était une terre tranquille, j’ai l’impression de me retrouver en Corse. 

— Les Bretons sont tranquilles, ce sont des gens extérieurs à la Bretagne qui troublent les statistiques. 

— Ah, ah, ah, vous voilà devenu plus Breton que Corse ! Pourtant vous n’êtes pas à Vannes depuis longtemps et vous seriez déjà tombé sous le charme de Mélusine.

Le commissaire Vétoldi ne répond pas tout de suite car ce que vient de lui dire le technicien n’est pas tout à fait faux mais son amour pour la Bretagne ne date pas de son arrivée à Vannes, il date de ses séjours à Belle-Ile qui remontent à bien avant…

Pendant qu’il rêve aux rivages qu’il aime tant, le technicien est descendu dans le puits… 

 

Suite au prochain épisode… Le dimanche 3 Janvier 2021…