Épisode 11 – Rencontre du Commissaire Vétoldi et du docteur Planque
Le commissaire Vétoldi commence à s’inquiéter, voilà plus d’une demi-heure qu’il attend le médecin qui soigne Isabelle Demurget. À moins que ce soit l’homme qui avance maintenant vers lui.
— Bonjour Commissaire Vétoldi. Qu’est-ce que vous voulez ? Si c’est pour que je me prononce sur l’état de santé de Madame Demurget, je ne peux rien vous dire. Elle a perdu la mémoire. Il faudra du temps,
Épisode 11 – Rencontre du Commissaire Vétoldi et du docteur Planque
Le commissaire Vétoldi commence à s’inquiéter, voilà plus d’une demi-heure qu’il attend le médecin qui soigne Isabelle Demurget. À moins que ce soit l’homme qui avance maintenant vers lui.
— Bonjour Commissaire Vétoldi. Qu’est-ce que vous voulez ? Si c’est pour que je me prononce sur l’état de santé de Madame Demurget, je ne peux rien vous dire. Elle a perdu la mémoire. Il faudra du temps, beaucoup de temps pour qu’elle se remette, si elle se remet. Je crois que le meilleur service que vous pourriez lui rendre serait de la laisser tranquille, elle a besoin de beaucoup de repos.
— J’en ai parfaitement conscience et si elle n’avait pas été la victime d’une grave agression, je la laisserais tranquille comme vous me le demandez, mais dans la situation où elle se trouve, je ne le peux pas, car elle court un danger encore plus grand. Je suppose que vous avez parlé avec le docteur Dragos, vous connaissez les circonstances de l’agression. Une chose est claire : Son agresseur voulait la tuer, il n’y est pas arrivé, c’est peut-être parce qu’il a souhaité lui laisser une chance de s’en sortir, mais croyez-en mon expérience, le tueur n’a pas agi seul, il a effectué son sale boulot pour le compte de son boss. Quand il va apprendre que Madame Demurget n’est pas morte et que par conséquent, elle pourrait les dénoncer, il va envoyer quelqu’un pour finir le job. Madame Demurget doit être surveillée de façon continue.
— Ça c’est de votre ressort, pas du mien ! Vous pouvez mettre un flic devant sa porte, je ne m’y opposerai pas.
— On peut, oui, mais ça veut dire que si on assure sa surveillance de façon permanente, il faut quatre policiers et les effectifs dont je dispose au commissariat ne me le permettent pas. Donc, il y a urgence à ce que je puisse l’interroger. J’ai recueilli quelques informations car après sa plainte au commissariat, elle a accepté de m’accompagner sur le lieu de son agression, mais jusqu’à présent, je ne sais rien de l’identité de ses agresseurs. Les connaissait-elle ? L’ont-ils enlevée, les a-t-elle suivis de son plein gré ? Les questions que je dois lui poser sont légion et plus le temps passe et moins je pourrais retrouver ses agresseurs.
— Peut-être, mais ce qui compte selon moi, est la santé de cette jeune femme.
— Docteur, je vous félicite de penser à elle en ces termes, cependant elle risque de ne pas être la seule femme à subir une agression par les mêmes hommes. Je vous en prie, essayez de penser aussi à celles qui pourraient être agressées dans les jours ou les semaines à venir, si nous ne mettons pas ses agresseurs hors d’état de nuire.
Le docteur Planque fronce ses sourcils, ce qui le vieillit de dix ans. Il remonte ses lunettes, se frotte les yeux, visiblement pris dans un conflit. Il finit par céder :
— Bon, OK, je vous donne dix minutes, pas une de plus.
— Merci docteur.
Le commissaire Vétoldi frappe à la porte de la chambre 206, il ne perçoit pas de réponse, il ouvre doucement la poignée et entre. La chambre est plongée dans la pénombre provoquée par le fait que les stores des fenêtres sont baissés. Il s’avance vers le lit. Isabelle Demurget est allongée, la tête appuyée sur deux oreillers. Elle arbore un léger sourire. ses cheveux sont épars, ses yeux sont encore cernés de violet et ses lèvres sont très pâles.
— Bonjour Madame Demurget, comment vous sentez-vous ?
— Bonjour commissaire, pas trop mal à part un violent mal de tête.
Le commissaire sourit, voilà un signe positif, elle l’a reconnu, sa mémoire à court terme est donc en état de fonctionnement. Reste à l’aider à récupérer sa mémoire à plus long terme. Il pose sa première question :
— Je vais vous poser quelques questions dont le but est de me donner des indications susceptibles de me mettre sur la voie de vos agresseurs .
— D’accord, je vais essayer de vous répondre, je vous écoute.
— Vous m’avez accompagné à la ferme où vous avez été séquestrée, vous souvenez-vous du jour où vous êtes arrivée dans cet endroit ?
— Non, pas du tout, je ne me souviens de rien, j’ai comme un grand trou noir quand j’y réfléchis.
— Il pleuvait quand vous vous êtes enfuie, n’est-ce pas ?
— Oui, j’étais trempée.
— Le jour où vous êtes arrivée, quel temps faisait-il ?
— Le temps ?
— Vous souvenez vous des vêtements que vous portiez ?
— Je ne suis pas sûre mais il me semble que la robe que j’ai trouvée dans la maison, elle est à moi. Si c’est bien ce que je pense, alors j’étais en robe d’été.
— Les chaussures aussi vous appartenaient ?
— Je ne sais pas, mais elles étaient elles aussi à ma taille, des tennis blanches.
— Donc, vous êtes arrivée dans cette ferme en tenue de plein été, habillée d’une robe légère et des tennis aux pieds.
— Oui, peut-être.
— Portiez-vous des lunettes noires ?
— Je porte toujours des lunettes noires quand il y a du soleil, j’ai les yeux fragiles et j’éternue quand je suis au soleil si je n’ai pas de lunettes. S’il y avait du soleil, alors je portais des lunettes.
— Vous souvenez-vous avoir été mouillée ?
— Oui, quand je me suis enfuie, il pleuvait.
— Mais quand vous êtes arrivée, est-ce qu’il pleuvait ?
— Je ne sais pas. J’avais chaud, pourtant, j’avais peur, c’est pour ça que j’avais très chaud. Mon vélo, qu’est devenu mon vélo ?
— Vous étiez à vélo ?
— Peut-être, il faudrait vérifier s’il est encore chez moi.
— Vous savez où est ce chez vous ?
Isabelle Demurget secoue négativement la tête.
— Non, mais j’aime le soleil, mon appartement doit être au soleil, j’ai des plantes sur le balcon, je me mets dans un transat, je suis bien, je ferme les yeux. Je me vois faire du vélo, le dimanche. Oui, c’est ça, je fais du vélo le dimanche matin.
— Bravo ! Donc, si vous faisiez du vélo, c’est que vous avez été enlevée un dimanche ?
— Peut-être que oui, si je faisais du vélo parce que je n’en fais pas les autres jours.
— Qu’est-ce que vous faites les autres jours ?
— Je ne sais pas.
— Vous voyez des enfants autour de vous ?
— Des enfants, oui, des petits, l’école…
— L’école de vos enfants ?
— Mes enfants ? J’ai des enfants, moi ?
— Vous avez des enfants autour de vous, ils sont nombreux ?
— Oui, ils sont beaucoup, beaucoup, partout, ils courent, ils crient fort … J’ai mal à la tête…
Sur ce, le docteur Planque fait irruption dans la chambre et il les interrompt au grand dam du commissaire Vétoldi :
— Bien commissaire, les dix minutes que je vous ai accordées sont écoulées. Je vous préviendrai si l’état de ma malade s’améliore. En attendant, il est inutile de revenir sans mon aval. Je vais donner des instructions pour que Madame Demurget ne reçoive aucune visite et pour assurer sa protection, nous allons veiller à ce que la porte de sa chambre soit constamment verrouillée.
— Merci docteur, c’est une bonne idée même si ça ne suffira pas en cas de visite inopportune.
Le commissaire Vétoldi salue la jeune femme, puis il sort de la chambre à regrets, il est persuadé qu’avec un peu de patience et davantage de temps, il en aurait appris bien plus, mais ici, à l’hôpital, il n’est pas maître des lieux. En outre, il est soucieux en pensant au danger encouru par Isabelle Demurget. Ah oui, justement, le message… Cet homme qui a demandé à voir Isabelle Demurget, qui était-il ?
Il file au pas de charge vers l’accueil et pose la question à Rosine :
— Vous m’avez envoyé un message et je vous en remercie. Qu’avez-vous fait ensuite ?
— J’ai prévenu le vigile de la porte centrale mais j’ai bien peur qu’il n’ait rien fait car il est reparti à son poste et il n’est pas revenu me dire ce qu’il en était.
— Merci, je vais lui demander directement, à plus tard.
— À plus tard, Monsieur le Commissaire Vétoldi.
Le commissaire Vétoldi se rapproche du vigile. Par chance, personne n’entre à ce moment-là, il le salue et se présente :
— Ah c’est vous, le commissaire Vétoldi, moi c’est Johny, comme le chanteur, mais pas Halliday, Demanche. Dites donc, la Rosine n’en pincerait pas pour vous ?
— Pour vous plutôt, non ?
— Ah, ah, ah, ça se pourrait bien. Bon, une fois qu’elle m’a signalé le type à sale gueule, j’ai essayé de savoir où il avait pu passer, mais je n’ai remarqué personne qui ressemblait de près ou de loin à la description qu’elle m’a faite. J’en conclus qu’il est reparti par où il était venu. Moi, je n’ai pas le souvenir d’avoir vu un type à mine patibulaire parmi les personnes qui ont franchi la porte centrale.
— Y-a-t-il d’autres portes d’accès ?
— Les urgences, mais il y a du monde là-bas, la porte du service pour l’intendance, la porte qui permet d’accéder à l’appartement de fonction du directeur de l’hôpital. C’est tout.
— C’est déjà beaucoup, je vais aller y faire un tour. Merci. Je repasserai vous voir avant de repartir d’ici. À tout à l’heure.
— OK, à tout’ commissaire.
Johny Demanche suit du regard le commissaire Vétoldi qui s’éloigne d’un pas rapide. il a l’air plutôt sympa, pourtant lui, a priori, les flics ils ne les aiment pas …