94 ROSES- ÉPISODE 5 – MAUVAISE SURPRISE !

 

                                                    Photo Wikipedia, Entrée de la Rue Blomet

5 – MAUVAISE SURPRISE !

 

Leonora Quesado arrive à 6 heures cinquante, dix minutes avant l’heure prévue. Laurence Devieille a précisé qu’elle partait en direction du Parc de Saint-Cloud à sept heures pour être à pied d’œuvre à 7 heures trente. 

Elle se poste devant la façade de l’immeuble du 91 rue Blomet. Elle découvre la plaque de Laurence Devielle :

Laurence Devieille

Psychanalyste

Diplômée en psychologie clinique 

Université Paris Descartes

Pas mal ! Leonora n’a jamais consulté de psy car elle n’en a pas ressenti le besoin. Elle aime bien décider de sa vie et elle a comme l’impression que si elle commençait à réfléchir, cela lui embrouillerait l’esprit et n’améliorerait peut-être pas ses décisions. 

En attendant la sortie de la cliente d’Inès Benlloch, Leonora fait les cent pas. La porte de l’immeuble n’a pas bougé. Ses habitants ne sont pas matinaux. 

Les minutes s’écoulent. Il est maintenant 7 heures pile, Laurence Devieille ne devrait plus tarder. Elle sent les premières gouttes de pluie. Pas de bol, elle n’a pas pris son imper… de toute façon, comment courir avec un imper ? 

Elle décide de s’abriter dans le hall, elle entre après avoir tapé le code. 

Dix minutes plus tard, toujours personne. Le réveil n’a pas dû fonctionner. Leonora sort son téléphone, vérifie qu’elle a bien enregistré les coordonnées de la cliente d’Inès Benlloch. Encore cinq minutes et elle l’appelle. Leonora hésite… Puis, elle téléphone à Inès Benlloch, la met au courant et lui demande son avis.

— Bizarre. Je me demande… Écoute, c’est moi qui vais la joindre, et je te mets au courant de sa réponse, OK ? 

— Oui, à tout à l’heure. 

Leonora patiente, Inès la rappelle :

—  Elle ne répond pas. Plusieurs hypothèses me viennent à l’esprit. Elle a passé la nuit ailleurs et elle ne m’a pas prévenue. Elle sait que tu devais venir devant chez elle, aujourd’hui. Écoute, il est 7 heures vingt, attends encore dix minutes, elle a pu confondre l’heure du rendez-vous entre l’heure devant son domicile et l’heure de départ au Parc de Saint-Cloud.

— À sept heures et demie, tu l’appelles.

—  Qu’est-ce que je fais si elle ne répond pas ?

— Si elle ne répond toujours pas, je te rejoindrai sur place et nous aviserons ensemble. Envoie-lui un texto en la prévenant que tu l’attends chez elle. 

— OK, je le fais tout de suite. 

Leonora fixe son écran, elle a envoyé son message mais elle n’a reçu aucune réponse. 

7 h 28, 7 H 30… Leonora rappelle, les sonneries s’égrènent sans que ne s’enclenche un quelconque répondeur. Impossible donc de laisser un message. Elle met Inès Benlloch au courant de l’absence de réaction de Laurence Devieille. Inès est perplexe. Elle aussi a besoin de se référer à une personne qui pourrait lui donner un conseil… Mais la première chose à faire est de délester Leonora de sa mission du jour. Il sera toujours temps de la remettre sur les rails plus tard quand Laurence Devieille aura réapparu. 

— Bien Leonora, tu peux partir, je m’occupe de la suite à donner et je te tiens au courant. 

— Dommage, ça me plaisait bien de rebosser avec toi.

— Ce n’est que partie remise, merci d’avoir accepté et de toute façon, je te rappellerai. À plus tard.

— OK, à plus. 

Leonora est déçue. À la place d’Inès, elle lui aurait demandé d’aller frapper à la porte de l’appartement de sa cliente, ne serait-ce que pour voir s’il y avait quelqu’un. Elle hésite un instant puis elle consulte l’interphone, le nom de Laurence Devieille n’apparaît pas, certains occupants de l’immeuble n’ont indiqué qu’une suite de chiffres à la place de leurs noms. Par contre, elle découvre qu’il y a un gardien, elle sonne sans plus réfléchir.

— Bonjour, j’ai rendez-vous avec Madame Devieille et elle ne répond pas, vous aurait-elle laissé une information ? 

— Non, rien de tel mais attendez une minute, j’arrive. Entrez donc, je vous ouvre.

Leonora se dirige vers la loge, une jeune femme en tablier sort de la loge.

— Bonjour Madame. Alors, vous me disiez que vous aviez rendez-vous avec Madame Devieille ? C’est bizarre, d’habitude, elle ne reçoit pas si tôt, parce qu’elle fait son jogging. Vous êtes certaine qu’elle n’est pas au parc comme les autres jours ? Elle revient que vers 9 h 30. Vous voulez qu’on aille voir ? 

Oui, c’est une bonne idée.

Alors, on y va ! Je prends sa clé, au cas où.

La petite Madame Frette appelle l’ascenseur, Leonora la suit. Elles montent au quatrième étage.

Madame Frette sonne à la porte de l’appartement de Laurence Devieille. Pas de réponse, elle recommence.

— Bizarre mais pour moi, elle n’est pas là, elle est encore au parc. Je vous ai dit qu’elle revenait vers 9 h 30.

— Écoutez, gardez ça pour vous, j’avais rendez-vous avec elle parce qu’elle avait demandé à être protégée. Elle se plaignait d’être suivie par un inconnu, à chaque fois qu’elle partait pour son jogging. Elle souhaitait que je découvre l’identité de son suiveur. 

— Ah mais oui, elle m’avait parlé de ça, elle a eu aussi des courriers bizarres, elle m’avait demandé de ne pas lui mettre de non timbrés dans sa boîte mais de les garder à part et de les lui mettre dans une enveloppe beige. Elle les prenait de temps en temps. Il y en a eu beaucoup ! Vous savez, elle est psychologue et il n’y a pas que des gens qui vont bien qui la consultent. Certains de ses clients font peur à voir… À mon avis, passés 9 H 30, il faudrait prévenir la police. Vous vous souvenez, une femme médecin s’est fait assassiner l’année dernière, il lui est peut-être arrivé la même chose ? 

— Vous pouvez vous en charger de prévenir la police tout à l’heure si elle n’est toujours pas là ? Parce que moi, je ne la connais pas, je devais juste la suivre pour la protéger. 

— Oui, d’accord, je connais bien les policiers du quartier, ils sont déjà venus pour des cambriolages. 

Merci, je file, j’ai à faire. Voilà ma carte, vous me tenez au courant.

D’accord. À plus tard. 

 

À Suivre… Prochain épisode le Dimanche 2 Mai…