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18 – Inès Benlloch déjeune avec le Commissaire Aghilas
Le commissaire Ali-Zireg Aghilas et Inès Benlloch se retrouvèrent comme prévu le jeudi pour déjeuner. Ils avaient choisi de concert un restaurant coréen, situé tout près de l’agence d’Inès Benlloch.
Le commissaire était arrivé le premier et il s’était installé à une table un peu éloignée de l’entrée. Il vit Inès pénétrer dans l’établissement et répondre au serveur qui s’était précipité pour l’accueillir. Celui-ci lui l’accompagna jusqu’au commissaire. Elle le salua d’un signe de tête puis s’assit en face de lui. Zireg Aghilas avait la carte à la main, il proposa :
— On commande d’abord et on parle ensuite, vous êtes d’accord ?
— OK. Bon, moi, ce sera simple, ici, je choisis toujours la viande, elle est coupée en très fines bandelettes et cuite sur la table au fur et à mesure.
— Le seul inconvénient est qu’on ne se rend pas trop compte de la quantité qu’on absorbe…
— Allons Zireg, vous n’avez rien à craindre, vous avez la ligne.
— Oui, mais si je commence à relâcher la pression, mon tour de taille va en pâtir.
— Bon, faites comme vous voulez, moi c’est la viande et j’ajoute des frites.
— Le grand jeu. Bon, au point où on en est, je fais comme vous et comme boisson ?
— Du thé vert pour compenser les excès.
— Très bien, ça me va.
Zireg Aghilas appelle le serveur et passe la commande.
Quelques minutes plus tard, une plancha fumante, un plat couvert de bandelettes saignantes et des légumes colorés coupés en frites sont installés sur leur table.
— Ah je suis rassuré, ce sont des frites de légumes… Ça a l’air super bon, et puis ce mode de cuisson ressemble à un jeu pour enfants.
— Pour adultes plutôt, je ne mettrai pas un enfant face à cette plancha brûlante.
— Vous avez raison mais je n’ai pas d’enfant et vous, si ?
Inès Sourit, Zireg est habile. Pour en savoir davantage sur la vie privée d’Inès, il a trouvé un chemin de traverse astucieux… Elle répond :
— Non, je n’ai pas eu l’occasion d’en fabriquer un, j’étais trop investie dans mon métier et maintenant que ce serait possible, je n’ai pas de père disponible. J’ai bien un bon copain qui m’a proposé de jouer ce rôle mais je n’ai aucune envie d’élever un enfant toute seule.
— Moi, pareil. J’adore les enfants mais jusqu’à présent, je n’ai pas rencontré la partenaire qui m’aurait donné le désir d’en faire un.
Hum, le regard de Zireg étant subitement troublé, Inès se concentra sur les morceaux de viande qu’elle venait de retirer de la plancha, croqua dans une frite, puis elle commenta :
— C’est super goûteux !
Zireg comprit le message, il allait trop vite, mais c’était elle qui avait amené le sujet des enfants qu’ils n’avaient pas eus et ils avaient que c’était pour la même raison, à savoir que la bonne rencontre n’avait pas eu lieu. Il se mit au diapason de la dégustation et profita pleinement du repas. Une fois qu’ils eurent terminé la montagne de viande et de frites, Inès s’exclama :
— Je suis zattisfaite
Devant l’air interloqué du commissaire, Inès s’explique
— Je fais un jeu de mots avec Ich bin satt en allemand qui signifie littéralement, je suis pleine et qui se traduirait en français par, je n’ai plus faim.
— Tu parles allemand ?
— Oui, je suis pentalingue, arabe, français, anglais, allemand et espagnol.
— Bravo, moi juste trois langues, français, arabe et anglais. Tu ne mélanges pas les mots ?
— Plus tu parles de langues, mieux tu perçois les mots qui leur sont communs et il y en a bien plus que ce qu’on pense.
— Si on en venait au sujet qui nous préoccupe ?
— Oui.
Inès Benlloch rapporta en quelques mots ce qu’elle avait appris sur Donatien Donato et sur la réaction qu’il avait eue quand elle lui en avait parlé.
La réaction de Zireg Aghilas ne se fit pas attendre :
— Il nie l’évidence!
Inès prit la défense de son client :
— Je pense que sur ce point, il dit la vérité même si j’ai pu constater qu’il pouvait mentir sur des petites choses. Par exemple quand il est venu à l’agence, il a dit qu’il était venu à pied et je l’ai vu repartir avec sa voiture de fonction.
— Tu vois, c’est un menteur… comme la plupart des politiques…
— Comme la plupart des gens. Ne dit-on pas ce qui nous arrange ? Ne tient-on pas des discours adaptés à l’interlocuteur qu’on a en face ?
— Inès, j’espère qu’avec moi, tu es sincère.
— Mais oui, Zireg, j’y ai intérêt. Nous travaillons pour la même cause, nous souhaitons découvrir qui est le meurtrier de Laurence Devieille, toi, parce que tu ne digères pas qu’on t’ait retiré l’enquête et moi parce que c’est la mission que m’a confiée le Ministre et qu’il me paye pour cela.
— Que prévois-tu de faire maintenant ?
— Je prévois de rencontrer les Poulain, ensemble. Je voudrais voir leurs réactions à eux deux.
— C’est curieux, pourquoi ne les vois-tu pas séparément ?
— J’ai le même avis que toi, je pense qu’Océan Poulain n’est pas le coupable.
— Eh bien, je n’aurais pas pris la même décision que toi d’autant plus que tu ne t’es pas entretenu avec Océan Poulain auparavant. Enfin, si c’est ton idée, tu me raconteras ce qui se sera passé. Bien, il faut que je retourne au bureau, on se revoit quand ?
— Je t’appellerai, il faut que j’avance.
— D’accord, alors à bientôt.
Ils se levèrent ensemble et en passant devant le comptoir, Inès demanda la note. Le serveur sourit et répondit :
— C’est déjà payé.
Elle se tourna vers Zireg Aghilas qui confirma :
— J’ai un compte ici. Je viens souvent. La prochaine fois, on ira ailleurs et c’est toi qui réglera la note.
— D’accord, j’accepte. Alors, à bientôt.
Ils se séparèrent sur le seuil du restaurant et Inès regagna son bureau tout près. En remontant vers l’agence, elle repensa à ce qu’elle avait répondu au commissaire lorsqu’il lui avait demandé ce qu’elle comptait faire car elle avait en fait, lancé sa réponse alors même qu’elle ne l’avait pas préparée…
À Suivre… Prochain épisode le Dimanche 31 octobre 2021…