BUS MORTEL : ÉPISODE 10

ÉPISODE 10 : Dimanche 3 Mai 2020
Après son appel au secours à Mourad, un de ses anciens collègues de la DGSE, Inès Benlloch s’est un peu laissée aller à la rêverie…
Elle sursaute quand l’interphone sonne. Elle se lève pour actionner l’ouverture de la porte mais auparavant, elle s’assure qu’il s’agit de Rachel Bouguerra qui est arrivée. 
C’est bien elle.  Elle l’accueille et l’installe dans le petit salon, après l’avoir débarrassée de son sac de voyage. 
— Bonjour Madame, j’attends l’appel d’un ami au sujet de votre logement d’urgence, il ne devrait pas tarder. Vous voulez un café ? 
— Oui, non, excusez-moi, plutôt  du thé si vous avez.
— D’accord, je vous apporte une tasse de thé, vous voulez du ciron, du lait ?
— Non, nature, s’il vous plaît. 
Inès file à la cuisine, elle met la bouilloire à chauffer, sort la boule à thé et elle choisit du thé à la bergamote, il paraît que ça rend optimiste… Elle pose quelques morceaux de sucre sur une assiette et quelques minutes plus tard, elle apporte un plateau à sa visiteuse.
 — Voilà, si vous avez besoin d’autre chose, n’hésitez pas à frapper à ma porte, je travaille dans le bureau voisin. Vous avez de la lecture, là, dans le présentoir. À tout à l’heure. 
— Merci, à tout à l’heure.
Inès se retrouve à sa table de travail, la gorge serrée. Pourvu que Mourad ait trouvé une solution. Bon, avant que Rachel Bouguerra ne l’appelle, où en était-elle ? 
Elle avait à rechercher qui était cet homme désigné par la conductrice du Roissybus comme l’un de ses passagers et que elle, Inès, avait auparavant repéré parmi les personnes qui attendaient la livraison de leurs bagages, à l’aéroport. 
Inès reprend la photo et se demande par quel moyen, elle pourrait identifier cet homme. Quand elle était agent secret, elle avait accès à de précieux fichiers et elle pouvait se renseigner plutôt facilement auprès des services de police et de gendarmerie. Là, il faudrait qu’elle puisse joindre quelqu’un à l’Ofast, le nouvel office de renseignement sur les stupéfiants. Doit-elle envoyer un texto à son patron, pour qu’il lui communique le nom de l’un de ses contacts ? Il a certainement des connexions dans ce domaine. Le trafic de drogue est liée à la grande criminalité. Elle hésite, elle aimerait résoudre son problème, seule. Ah mais oui, elle sait à qui elle va demander de l’aide ! Une amie à elle, une très ancienne amie puisqu’elle l’a connue pendant son enfance, à Alger. Justement, Djamila lui a écrit il y a quelques semaines pour lui dire qu’après avoir travaillé plusieurs années au sein de la police nationale algérienne, elle était maintenant  détachée par le Ministère de l’Intérieur Algérien auprès d’Interpol, à Lyon. 
Bon, il faut retrouver ses coordonnées, les a-t-elle enregistrées sur son portable ? 
Sur la liste de ses contacts, le numéro de téléphone de Djamila n’apparaît pas, mais elle récupère une adresse mail qu’elle tape immédiatement sur sa boîte d’envoi. Le message qui date de quelques trois ou quatre mois s’affiche. Ouf ! 
Elle parcourt rapidement le contenu et remarque le numéro sous la signature de son amie. Elle l’appelle. Par chance, Djamila répond. 
— Salut Djami, c’est Inès… Enfin Khadija. 
— T’inquiète, tu peux me dire Inès, moi, ça ne me choque pas que tu aies changé de nom, je connais ta famille et je te comprends. Que deviens-tu ? J’étais étonnée que tu ne me fasses pas signe quand je t’ai dit que j’étais à Lyon. 
— Désolée, j’aurais dû, mais ma vie à moi aussi a été bouleversée. Tu savais que j’avais démissionné de la DGSE, n’est-ce pas ?
— Oui, bien sûr et j’en étais restée au fait que tu cherchais quelque chose. 
— Eh bien, j’ai trouvé, je suis détective privée, je travaille au cabinet d’un ex du Quai des Orfèvres, Dominique Vétoldi et ça se passe bien, même si de temps en temps, il faut lui remettre les pendules à l’heure pour éviter qu’il ne me prenne pour la larbine de service. 
— Bah, ça, c’est comme beaucoup d’hommes… et de femmes d’ailleurs. Quand on veut être respectée , il faut s’en donner les moyens. 
— Alors, que je te dise, à ce titre, j’ai commencé un enquête un peu complexe. Une femme accusée de trafic de drogues nous a consultés afin de découvrir qui est derrière cette fausse accusation. En outre, j’ai sur les bras la conductrice du Roissybus qui contenait le sac de drogue.
— Hum, je ne comprends pas grand-chose, tu devrais me mettre ça par écrit, mais si tu me racontes tout ça, c’est que tu as peut-être quelque chose d’urgent à me demander.
— Oui, cette femme est franco-mexicaine et son mari travaille à la DGSE. je me demande si on n’a pas voulu la compromettre. En effet, le sac en question ne lui appartenait pas, mais son nom et son adresse était indiqués à l’intérieur. Pourrais-tu entrer en relation avec le ou les Mexicains qui sont à Interpol et qui connaitraient le trafic de drogue et ses intervenants ? Je sais que des gros trafics ont été interceptés récemment avec l’aide des différents bureaux d’Interpol.
— Je vois à quelle affaire tu fais allusion, mais à ma connaissance, le Mexique ne faisait pas partie des pays concernés. Cependant, je vais regarder tout ça de près. Je pourrai aussi entrer en contact avec notre bureau de Mexico pour tenter d’avoir des tuyaux. Envoie-moi le nom de ta cliente, OK ? 
— D’accord et merci beaucoup, tu me rends un fier service, je ne savais pas à qui m’adresser. 
— Tu aurais pu demander à ton patron, s’il est un ex-As du Quai des Orfèvres, il a gardé des connexions. 
— Oui, mais je préfère éviter de le déranger quand c’est possible, car il mène une enquête de son côté, à Belle-Ile. 
— Belle-Ile ? c’est où ça ? 
— Une île de l’Atlantique, un genre de petite Corse. J’y ai mené ma première enquête et l’endroit m’a beaucoup plu, j’y retournerais en vacances.
— À propos, tu es toujours avec Mourad ?
— Non, j’ai rompu il y a un bail et toi, tu en es où ?
— Pareil, seule. Je crois que les mecs veulent bien avoir des aventures mais quant à s’engager, c’est plus compliqué pour eux, surtout quand comme moi, leur copine travaille et veut faire carrière. 
— Bon, je te laisse, je dois régler un problème urgent et je pense que justement; Mourad que j’ai appelé à l’aide, essaie de me rappeler, mon téléphone bipe. Bises, à plus. Merci pour ce que tu pourras faire. 
Inès se branche sur l’appel entrant. Oui, c’est bien Mourad au bout des ondes :
— J’ai résolu ton problème de logement. Tu dis à ta protégée de passer à l’épicerie, La ferme de Levallois, 54 Rue de Villiers, à Levallois, c’est tout près de mon bureau. Je lui remettrai moi-même la clé et l’adresse de l’appartement. T’as intérêt qu’il s’agisse d’une affaire sérieuse parce que sinon, je vais m’en prendre plein la gueule. 
— Écoute, je ne sais pas très bien, mais ce qui est sûr, c’est qu’elle est terrifiée car son appartement a été mis à sac et elle est persuadée que c’est à cause du fait qu’elle m’a parlé des passagers qu’elle a transportés. En attendant, merci Mourad. À l’occasion on pourrait manger ensemble? 
— Oui, on pourrait, mais on ne le fera pas. Je veux bien te rendre ce service mais je ne veux pas repartir dans une histoire avec toi, c’était trop compliqué. Moi, ce que je veux, c’est une compagne qui me repose quand je suis chez moi. Le stress au boulot, ça suffit, je ne le supporterai plus quand je suis chez moi. À propos, elle est comment ta protégée, que je la reconnaisse ?
— Très brune, pas très grande, mince et plutôt jolie.
— OK, et son sac est de quelle couleur ?
— Noir, un sac de voyage un peu brillant.
— OK, je te laisse, je serai sur place d’ici une demi-heure. 
— Merci Mourad, au revoir.
Inès a la gorge serrée malgré elle. Ce sont les mots de Mourad qui l’ont blessée. C’est bizarre car c’est elle qui a mis fin à leur relation. Qu’espérait-elle ? Elle n’avait pourtant aucune intention de ressortir avec lui, alors ? 
Alors rien, Mourad a dit qu’il serait à la ferme d’ici une demi-heure, il n’y a pas de temps à perdre, il faut que Rachel Bouguerra parte tout de suite. Inès se précipite dans le petit salon :
— Voilà, c’est fait, vous devez vous rendre au 54 avenue de Villiers vous entrez à l’épicerie. Mon correspondant sera là avec l’adresse d’un appartement. Prévenez-moi dès que vous serez installée. Je vous appelle un taxi.
Inès Benlloch réserve aussitôt un taxi.
— Allez-y, la voiture sera en bas dans cinq minutes. 
— Merci pour tout, je vous appelle tout à l’heure.
— Au revoir Madame, à bientôt.
Pendant que Rachel Bouguerra descend dans la rue, Inès sort sur le balcon et l’aperçoit sur le trottoir. La voiture arrive peu après, elle la voit monter. Bon, tout va bien se passer, au moins, elle sera à l’abri…
Suite au prochain épisode… dimanche 10 mai 2020…