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Jeudi 14 septembre 2017,

 MEURTRE  A  L’ASSEMBLÉE
– Monsieur le député ! Monsieur le député ! Réveillez-vous, la séance est terminée.
Depuis quelques secondes, Jean s’époumonait auprès d’Hugues d’Arborville. Il le secoua avec vigueur, ce n’était pas la première fois qu’il s’endormait en séance et Jean l’avait plusieurs fois sorti des bras de Morphée.
Il eut envie de lui envoyer une belle paire de claques mais il se ravisa, en songeant aux conséquences qu’aurait son geste. Il se glissa derrière le banc, saisit l’élu de la Nation sous les aisselles, le redressa, mais le corps flasque et mou retomba sur lourdement sur la table. Jean, huissier en salle des Séances blêmit. Très inquiet, il interpella un de ses collègues, qui se trouvait en bas des gradins, prés d’une porte de sortie.
– Eh Claude ! Viens voir ! Je n’arrive pas à le réveiller !
Claude monta quatre à quatre :
– C’est bizarre, habituellement, on le réveille sans problèmes, que se passe-t-il ? Il s’est peut-être évanoui, préviens le toubib.
– OK.
Jean appela le docteur Valembois,  médecin à l’Assemblée. Quelques deux minutes plus tard, le médecin était là et auscultait le député :
– Hum,  j’ai bien peur que… Apportez-moi le défibrillateur et en vitesse ! C’est ce que vous auriez dû faire tout de suite !
Le médecin écarta brutalement la chemise du député, et posa les électrodes sous l’aisselle gauche et l’autre sur la poitrine droite. Il recula, l’onde électrique était envoyée automatiquement, tout irait bien, d’ici quelques secondes, le cœur repartirait et les secours arriveraient. Le docteur Valembois, lui, serait dégagé de toute responsabilité. Il se rapprocha du député et constata que le cœur ne battait pas.
– Vous avez appelé les secours ?
– Oui, ils vont arriver.
Le médecin sortit un miroir de sa sacoche et le positionna en face de la bouche du député. Rien,
– Je pense qu’il est trop tard et je ne suis pas certain que le réveiller…
Il n’acheva pas sa phrase, mais pensant à la suite et aux médias, il demanda ;
– Vous avez prévenu la présidence ?
– Non, s’il fallait appeler le président chaque fois que Monsieur d’Arborville s’endort…
– Oui, sauf que là, imbécile, il ne dort pas, il est mort !
Jean pâlit, en vingt ans de carrière, c’était la première fois qu’un représentant de la Nation décédait en sa présence. Claude en voyant l’état de son collègue, se chargea de prévenir la présidence. C’était Alain qui était de faction, après avoir reçu le message, il se précipita dans le bureau du président, François-Xavier Falcone.
– J’ai demandé à n’être dérangé sous aucun prétexte !
– Monsieur le président, il s’agit d’une urgence extrême, Monsieur d’Arborville s’est trouvé mal.
– Mais qu’est-ce que j’en ai à foutre de cet abruti ?  Le médecin est auprès de lui ?
– Oui, bien sûr et c’est lui qui a demandé que vous soyez alerté, il pense que le député est décédé en salle des Séances
– Décédé ?
FXF avala le reste de son verre de cognac. Il laissa échapper :
– Putain de merde !
Il se leva brusquement et se dirigea vers la salle de séances, en maugréant :
– Décidément, celui-la ne fait jamais rien comme tout le monde, il aurait pu mourir dans son lit, eh bien non, il a décidé de m’emmerder jusqu’à la fin, il meurt chez moi, au vu et au su de tous !
Accompagné d’Alain, il était arrivé près du docteur Valembois, il lui demanda :
– Allez chercher le général. Le général Grassiard, chargé de la sécurité de l’Assemblée,  arriva presque tout de suite, à croire qu’il avait déjà eu vent de ce qui se passait.
– Bon général, il est hors de question que d’Arborville soit mort ici, en salle des séances, débrouillez-vous !
– Je ne sais pas si nous avons le temps, les secours extérieurs vont arriver d’une minute à l’autre.
– Ca m’étonnerait, ii leur faut dix bonnes minutes, nous avons encore deux ou trois minutes, cela devrait suffire. Que pensez-vous de la bibliothèque, non, de son bureau ? Où est son bureau ?
– La bibliothèque est plus proche.
– Alors va pour la bibliothèque. Cela fera au moins de belles photos. Allons messieurs en route pour le transport. Emmenez-le moi et vite !
Alain et Claude se chargèrent de prendre le député chacun par un côté et ils le transportèrent jusqu’à la bibliothèque, suivis par la délégation, le médecin, le général, le président. Une fois qu’ils l’eurent installé sur un des fauteuils de lecture, FX Falcone parla à vois basse :
– Messieurs, pas un mot sur ce qui s’est réellement passé à quiconque.
Puis il s’adressa aux deux huissiers :
Vous deux, vous êtes en congé exceptionnel à partir d’aujourd’hui, passez régulariser votre situation avec le service des congés, j’irai signer l’ordre. Bien, qui a appelé les pompiers ?
– Moi.
C’était le docteur Valembois qui répondait.
– Vous leur avez indiqué l’endroit ?
Oui, la sale des séances.
– Eh bien, appelez l’accueil et précisez que nous les attendons à la bibliothèque.
Le médecin s’exécuta.
Le général Grassiard intervint :
– Il faudrait que les pompiers le transportent  à Percy, nous y contrôlerons mieux les medias.
– Oui, très bonne initiative.
Ils n’eurent pas le temps d’échanger davantage, les secours étaient arrivés et ils prirent le député en charge.
Le soir même, la nouvelle se répandait via les sites d’information internet, par les journaux,  les stations de radios et de télévisions :
Dépêche :
Nous venons d’apprendre que Monsieur d’Arborville, député néo-royaliste de Fontenay le Comte, cinquième circonscription de Vendée, s’est trouvé mal en séance, il a été transporté en urgence à l’hôpital militaire de Percy.

A suivre…

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