Mille excuses pour mon retard, j’ai été obligée de faire des recherches pour coller au plus près de la réalité de ce qui se passe à l’Assemblée Nationale… 

Épisode 5 Nathan Morin rencontre une députée LREM
Vétoldi frappa à la porte de Marielle Iquirren, député de la 6° circonscription de Haute Garonne, élue LREM, et auparavant députée socialiste depuis 2007.  
Un Entrez exprimé d’une voix énergique lui permit d’ouvrir la porte. Il se retrouva devant une femme d’âge certain, aux cheveux blonds comme toutes ses contemporaines. Elle descendit légèrement ses lunettes sur son nez et le toisa :
– Bonjour, asseyez-vous, comme je vous l’ai dit, je dispose d’un quart d’heure. Je vous écoute. Vous disiez que vous meniez une enquête sur le mode de vie des députés, c’est bien ça ?
– Oui, tout à fait, je suis ethnologue, le sujet de mon enquête est le mode de vie des députés.
– Eh bien, si vous interrogez les 577 députés, vous n’avez pas fini !
– Non, il n’en est pas question, pour le moment, je centre mes rencontres sur les députés qui étaient élus et présents à l’Assemblée Nationale avant 2017, j’ai vu que vous étiez dans ce cas, c’est pourquoi je me suis permis de vous demander rendez-vous.
– Oui, je suis parmi les plus anciens, maintenant. Il faut reconnaître que nombre de mes anciens collègues ont été balayés.
– Et vous, non, parce que vous avez su monter dans le train en marche au bon moment !
Marielle Iquirren fronça les sourcils comme si Dominique Vétoldi lui avait reproché son opportunisme, elle répliqua un peu sèchement :
– Je n’ai pas pris le train en marche comme vous dites, j’ai adhéré au projet du régent* parce qu’il correspondait à mes idées. En outre, vous ne le savez peut-être pas, j’avais en 2016, été exclue du Parti socialiste, il me fallait une affiliation politique, voilà comment ça s’est passé. Bon, vous avez une autre question parce qu’il va falloir que j’y aille.
Vétoldi se mordit les lèvres, il avait vexé la députée en la taquinant sur son choix d’étiquette alors que lui, il n’en avait rien à cirer…Il tenta de se rattraper :
– Je vous remercie beaucoup de m’avoir reçu à l’improviste, si l’on en juge par le décès subit de votre collègue, Hugues d’Arborville, le métier que vous faites est épuisant. Comment vous organisez-vous ?
– Ce qui est fatigant, ce sont les allers et venues entre la circonscription et l’Assemblée Nationale, mais moi, j’en suis à mon troisième mandat et comme c’est sans doute le dernier, j’ai décidé de mettre la pédale douche. En outre, étant adhérente de LERM, le groupe est pléthorique, donc, si je suis absente, cela ne se verra pas trop. A l’opposé, le groupe parlementaire de d’Arborville est très restreint, quinze membres, c’est le plus petit ; vous imaginez et il était président de son groupe. Je n’avais pas d’accointances avec lui, à cause de ses idées, enfin, ramener un roi au pouvoir en France, qui peut croire en 2017 à pareille fadaise ? Voilà, c’est tout ce que je peux faire pour vous aujourd’hui. Nous pourrons nous revoir une autre fois si cela peut vous être utile, rappelez-moi votre nom que j’en prenne note et votre mission ici ?
– Morin, Nathan, ethnologue, chargé d’une mission sur les députés et leur vie à l’Assemblée.
– Eh bien, j’espère que vous n’êtes pas payé par Galéa ou un autre torchon du genre parce que vous serez amené à connaître des secrets d’alcôve, vu le nombre de députés qui ont une vie à Paris et une autre dans leur circonscription.
– Merci beaucoup, Madame, pour ce premier entretien, je ne manquerai pas de vous en demander la poursuite à une autre occasion. Bonne fin de journée.
– Merci et bonne chasse à l’ours.
En disant ces mots, Marielle Iquirren éclata de rire, ce qui interloqua quelque peu Dominique Vétoldi qui se serait attendu à davantage de sérieux de la part de la députée. Il la salua et sortit du bureau, assez perplexe. Son enquête pour le moment apparaissait difficile, il était dans l’impossibilité d’évoquer clairement les souvenirs que les députés avaient de d’Arborville et du coup, il avancerait à très petits pas. Une fois revenu dans son bureau, son téléphone sonna, c’était Armel Saul-Pépin, l’assistant parlementaire de JLM, le président du groupe, La France insoumise.
– Il est d’accord pour déjeuner avec vous, vous avez de la chance, il est de bonne humeur. Rendez-vous à 12h15 à son bureau.  
– Ah, bravo, merci pour votre intervention, je vous suis très reconnaissant car je sais combien votre député  a un emploi du temps surchargé.
– Je vous en prie, c’est avec plaisir, j’espère que cela se passera bien, tenez-moi au courant, au revoir et à tout à l’heure, Monsieur Morin.
– Au revoir Monsieur Saul-Pépin.

Dominique Vétoldi sourit, il allait rencontrer un homme au long passé politique, qui intervenait partout, dans les medias, et qui pour le moment, représentait la seule opposition au régent et à la reine mère* en place à la tête de la France. Il prit une feuille et tenta de poser quelques questions sur le papier mais rapidement, il réalisa un point crucial, il y avait très peu de chances pour que JLM ait connu d’Arborville, il venait d’être élu député à l’Assemblée Nationale pour la première fois. Vétoldi avait mélangé ses propres désirs et le contenu de sa mission, il en eut honte mais se garda bien d’annuler son rendez-vous avec le pape des insoumis. Il était certain que rencontrer ce personnage haut en couleurs, à défaut de lui apporter des éclairages sur le député défunt, lui permettrait de se faire une opinion personnelle…
Suite, le vendredi 20 octobre…

Notes:
– Si les personnages de cette histoire sont inspirés par des députés et des assistants parlementaires réels, leurs  noms et prénoms ont bien sûr été modifiés. 
* La France dans cette histoire est dirigée par un régent et par sa mère, la reine mère.