Meurtre à l’Assemblée : Le commissaire Vétoldi se servirait-il de ses racines Corses pour faire avancer l’enquête ?

Vendredi 5 janvier 2018,
Épisode 17 : Dominique Vétoldi se sert de ses racines Corses…
Après son rendez-vous avec le commandant Grassiard chargé de la sécurité à l’Assemblée, Dominique Vétoldi sait qu’il est surveillé, mais il lui reste une double cartouche, le journal du députe et les lettres reçues par le député assassiné, dont deux séries de lettres très intéressantes…Alors que la première série de lettres lui a révélé l’existence d’un enfant hors mariage, il reste le second paquet à étudier
Dominique Vétoldi s’enferma dans son bureau. Il était furieux et d’abord furieux contre lui-même. Il avait le sentiment de s’être fait berner en acceptant cette enquête déguisée au sein de l’Assemblée Nationale, alors même que le commandant Grassiard se tenait au courant de tous ses faits et gestes. Heureusement qu’il lui restait la seconde série de lettres. Il en parcourut rapidement les quatre premières. Elles émanaient d’un correspondant qui ne cachait pas son domicile corse ou tout au moins, qui postait les lettres depuis la poste de Ponte Leccia, un bourg non loin de Corte, Le commissaire s’exclama : Merde, un concitoyen ! C’est complet, cette affaire décidément, risque de me ridiculiser. A l’Assemblée, je m’en moque mais chez moi, pas question !
L’ensemble des lettres prouvait l’existence d’un chantage. C’était incroyable, alors que personne à Fontenay-le-Comte ne paraissait au courant de l’existence du présumé enfant de d’Arborville, voilà que ce Corse en faisait l’objet d’un chantage. Les lettres étaient claires, en effet, dés la première, le correspondant réclamait de l’argent contre la menace de révéler l’existence de l’enfant caché. Le maître-chanteur se nommait Andrea Bartoli. Le montant des sommes demandés variait mais chaque lettre correspondait à une demande d’argent ainsi qu’à un accusé de réception pour l’envoi précédent. Aucun virement n’avait été mis en place. L’argent était versé en liquide, sous enveloppe brune. La demande était toujours le même : Vous déposerez les billets dans la poubelle la plus proche de tel ou tel endroit.
Vétoldi lista les lieux successifs, tous situés dans Paris ou à sa lisière et répertoriés dans les guides de la capitale.
Lieu numéro un : Poubelle située près de  L’Arc de triomphe.
Lieu numéro deux : Poubelle située devant le Musée des Invalides,
Lieu numéro trois : Poubelle située à côté de l’entrée principale de l’École Militaire
Lieu numéro quatre : Poubelle la plus proche du château de Vincennes, entrée principale.
La lettre numéro cinq ne comportait pas d’endroit pour le dépôt, mais elle précisait : Vous n’avez pas payé la dernière somme, je me vois contraint de doubler le montant demandé. Je vous indiquerai l’endroit convenu pour le dépôt dans un prochain courrier. Cette fois, ne manquez pas à votre dette !
Vétoldi vérifia les dates. HDA n’avait pas pu effectuer la livraison des billets, car il était mort assassiné deux jours plus tôt.
Une conséquence semblait s’imposer : Le maître chanteur n’était pas au courant de la mort d’HDA, mais on pouvait également supposer qu’au contraire, il l’ait été et qu’il ait néanmoins continué sa correspondance pour éviter d’être mis en cause pour l’assassinat, mais dans ce cas, s’il était au courant du meurtre, il savait que ses lettres seraient lues et exploitées. Conclusion, il n’écrivait certainement pas sous son identité réelle.
Vétoldi ouvrit son téléphone et appela un de ses plus vieux potes, partenaire de pétanque, pendant ses vacances au village où il avait passé toute son enfance et son adolescence jusqu’à son entrée au lycée militaire.
– Sandro, c’est Dumè, salute,  bè ?1
– Je ne t’appelle pas seulement pour avoir de tes nouvelles mais aussi parce que l’enquête que je mène en ce moment m’amène à Ponte Leccia. Il faudrait me trouver qui se cache sous le nom d’Andrea Bartoli, il poste des lettres de chantage depuis Ponte Leccia, mais j’ai de bonnes raisons de penser qu’il le fait sous une fausse identité. Tu ferais ça pour moi ?
–…
– Oliu vechju ! Daraghju ciò chì !
Vétoldi sourit, par bonheur, il avait des alliés sur place. Le maître chanteur, même s’il écrivait sous une identité d’emprunt était Corse, alors… mais oui, le saucisson commandé spécialement pour HDA venait lui aussi de Corse… Il fila comme une fusée à la buvette :
– Bonjour, dites-moi, je me suis régalé avec le sandwich au saucisson, celui que prenait Monsieur d’Arborville, j’aimerais en commander un pour moi, vous pourriez me communiquer l’adresse du charcutier qui le fabrique ?
– Bien sûr Monsieur Morin, laissez-moi le numéro de votre bureau, je vous enverrai l’information.
– Vous ne pouvez pas me le communiquer tout de suite ?
– Non, je regrette,  il faut que je consulte les factures, je ne connais pas son nom parcoeur, je me souviens simplement qu’il s’agit d’un charcutier qui est en même temps éleveur de porcs bios.
– Ah, c’est pour ça que c’est si goûteux ! Bien, je patienterai, et en attendant, vous m’en faites un autre ?
– Mais Monsieur, je n’en ai plus, vous avez consommé le dernier, et je n’ai pas l’intention d’en commander. Monsieur d’Arborville était le seul à en consommer. Moi-même je ne l’ai jamais goûté.
– Alors, vous avez un autre produit de ce même charcutier ?
– Je ne pense pas, mais j’ai un charcutier breton qui nous a été recommandé par un député de sa région, et ses produits sont d’excellente qualité et en outre ils sont bios. Ah mais j’y pense, demandez donc à l’occasion au kiosque s’ils n’auraient pas le saucisson en vente, ils ont plusieurs spécialités gastronomiques recommandées par les députes. Quoique dans le cas de Monsieur d’Arborville, ce serait étonnant que vous l’y trouviez, car il n’était pas originaire de Corse et les produits du kiosque proviennent des circonscriptions des députés, le nougat de Montélimar, le chocolat Valrhona de Tain-L’hermitage, le berlingot de Carpentras….Allez voir et vous me direz.
Merci, c’est une excellente idée ! J’irai voir mais en attendant, un peu de bon jambon de Vendée fera l’affaire.
Parfait Monsieur Morin, je m’en occupe.
Quelques instants plus tard, Vétoldi-Morin dégustait un sandwich chaud au jambon  artisanal et bio et il se régalait. Il termina sa collation par un café. Il était seul à la buvette, l’heure des élus était passée depuis un bon moment et en outre, aujourd’hui, leur grande majorité se trouvait dans leur circonscription, du moins pour ceux qui étaient provinciaux. Il revint dans son bureau, plutôt rasséréné. Très vite, il obtiendrait le nom du charcutier fabricant du saucisson, il le joindrait alors pour connaître les différentes étapes traversées par le saucisson depuis la fabrication, puis la sortie de la charcuterie jusqu’à la livraison à l’Assemblée. Il lui faudrait alors déterminer quand et comment le poison avait été introduit dans le saucisson. A son avis, il était presque impossible de l’infuser après sa sortie de la charcuterie, surtout au regard du poison employé, de la poudre de laurier. En effet, le saucisson était recouvert d’une fine membrane, faite de boyau de porc, qu’il paraissait difficile voire impossible de transpercer sans que cela ne se vit. Conclusion, le poison avait été introduit lors de sa fabrication, puis nécessairement suivi, et une fois fabriqué, extrait de l’ensemble de ses congénères et envoyé à l’Assemblée en dehors des envois habituels. Donc, il y avait au moins un complice au niveau de l’atelier de fabrication ou bien une personne extérieure avait accès à l’atelier…
A Suivre…
Rendez-vous pour l’épisode 18, le vendredi 12 janvier 2018… Vétoldi s’approcherait-il de la vérité ?
1- C’est Dumè, salute,  bè ? 1 : C’est Dominique, salut, ça va ?
2 – Oliu vechju ! Daraghju ciò chì,: Merci vieux ! Je te revaudrai ça !