Épisode 25 : Retour bredouille de Corse, la vérité se trouve t-elle à Paris ?
Dominique Vétoldi était rentré de son voyage en Corse plutôt déçu. Il n’était pas parvenu à réunir les éléments qui lui auraient permis de mettre un terme à son enquête.
A son arrivée chez lui, même Blanche, sa si charmante concierge, n’avait pu le dérider ; il en avait sa claque de ce meurtre.
Ce qui amplifiait son inquiétude, c’est qu’il avait le sentiment d’avoir fait le tour de toutes les hypothèses envisageables.
Il déposa ses affaires dans son appartement, câlina un bon moment sa petite chatte. Il était sur le point de laisser tomber, le commandant Grassiard était sur la piste du charcutier, il ne lâcherait pas le morceau et lui irait jusqu’au bout parce que son autorité serait remise en question s’il ne mettait pas la main sur l’assassin du député alors que lui, Vétoldi, personne ne savait ni ne saurait à l’avenir qu’il avait enquêté sur ce meurtre, puisqu’il avait signé une clause de confidentialité.
Oui, bien, sur, personne ne saurait qu’il avait échoué, personne sauf lui et ça…
– C’est insupportable ! Vetoldi, tu dois poursuivre et trouver qui a commis ce meurtre ! Il y va de ton honneur, de ton prestige, de ta réputation !
Il venait de s’exprimer à voix haute, ce qui fit sursauter son petit chat qui dressa ses oreilles et miaula.
– Ce n’est pas à toi que je parle, ne t’inquiète pas, je suis juste furieux contre moi-même, ça va passer et ça va passer parce que je vais illico remonter sur mon cheval d’enquêteur.
Sur ces bonnes paroles, il enfila un costume particulièrement élégant, glissa un foulard dans le col de sa chemise, échangea ses baskets contre des mocassins noirs, attrapa son imperméable, et sa mallette de documents et descendit à pied les sept étages. Il traversa le hall de l’immeuble à vitesse grand V puis garda une allure rapide tout au long de sa marche jusqu’à son bureau, Quai des Orfèvres. Le site d’information sur les déplacements à Paris indiquait une heure quinze pour effectuer le trajet mais Vétoldi mit moins d’une heure… Une fois à son bureau, il consulta son cahier d’enquête et s’astreignit à relire la totalité de ses notes depuis le premier jour où il avait débarqué en tant qu’ethnologue à l’Assemblée. Il consulta ensuite la liste de ses suspects, il barra Andrea Bartoli et le charcutier, seuls la veuve et le suppléant restaient encore inscrits. Pourtant, il ne voulut rien laisser au hasard et en relisant le passage de ses notes qui relatait l’existence de la disposition notariale faire par d’Arborville, il se souvint qu’il ne s’était pas encore rendu à l’étude du notaire en question, Maître Mariani, et il décida de lui téléphoner. Il n’eut pas de difficultés à l’obtenir directement parce qu’il découvrit en se nommant que que son assistante était une fan de sa série télévisée.
– Bonjour Maitre, je suis le commissaire Vétoldi, j’ai enquêté sur le meurtre d’Hugues d’Arborville, et je souhaite savoir si Monsieur d’Arborville avait eu le temps de vous consulter avant sa disparition tragique ?
– Oui, bien sûr, en quoi ce rendez-vous pourrait-il avoir un rapport avec a mort ?
– Eh bien, c’est ce que je voudrais apprendre. Avez-vous liquidé la succession ?
– Non pas encore, je n’ai pas ouvert le testament, j’attends la réunion avec ses ayants droits pour le faire, à savoir sa femme, ses enfants mineurs, par conséquent représentés par leur mère, Céleste d’Arborville-Pergola, Madame Anna le Goff, la mère de son enfant né hors mariage mais qu’il a reconnu.
– Quand la réunion doit-elle voir lieu ?
–Eh bien, demain.
– M’autoriseriez-vous à y assister ?
Il y eut un long silence puis Maître Mariani se décida :
– Je ne vois pas à quel titre.
– Écoutez, je vais être franc avec vous, je pense que mon assassin est soit madame d’Arborville, soit Monsieur de Normandie.
– Comment pouvez-vous proférer une pareille horreur ? Monsieur et Madame d’Arborville formait un couple très uni. Madame d’Arborville n’aurait eu aucun motif de supprimer son mari.
– Et l’enfant naturel, pour vous, ce ne serait pas un motif ?
– Non, pas à notre époque.
– Ce que vous ignorez est que le grand-père de Madame d’Arborville faisait chanter Monsieur feu d’Arborville au sujet de cet enfant, et qu’en outre les sommes extorquées étaient ensuite reversées à Madame d’Arborville. Cette information est peut-être susceptible de modifier l’opinion que vous avez sur cette femme.
– Heu, heu… Comment avez-vous appris cette horrible information ?
– En enquêtant en Corse d’où Madame d’Arborville est originaire. Le maître chanteur n’était autre que son grand-père, un certain Andrea Bartoli. Il avait appris de la bouche même de sa petite fille l’existence de l’enfant de Madame le Goff. Quand vous pensez que ce pauvre d’Arborville cédait au chantage pour que sa femme ne soit pas au courant alors que non seulement elle était au courant mais qu’elle en avait fait une affaire juteuse. C’est effroyable, non, pour ce pauvre homme ?
– Je me réjouis que Monsieur d’Arborville ait ignoré ces graves malversations, et qu’il ne puisse plus l’être. Si vous avez réuni des preuves, vous devriez remettre cette affaire de chantage entre les mains de la justice.
– Désolé Maître, mais je n’ai pas été mandaté pour ce faire. Ce qui m’intéresse est de connaître le nom de l’assassin de d’Arborville, le reste ne me regarde pas, d’autant plus que si ce que ce Bartoli m’a révélé, est exact, l’argent extorqué ne servait qu’à compenser les effets de l’extrême avarice de Monsieur d’Arborville. Bien, revenons si vous le voulez à notre sujet, à quelle heure a lieu cette réunion avec je suppose l’ouverture du testament ?
– Nous avons rendez-vous à quinze heures.
– Je comprends que vous ne souhaitiez pas ma présence mais pourriez-vous me transmettre la copie du testament ?
– Vous pensez que Monsieur d’Arborville aurait pu y inscrire le nom de son meurtrier ?
Le ton de Maître Mariani était franchement ironique. Dominique Vétoldi ne se frappa pas, il insista :
– Je vous demande si c’est possible ou pas, j’ai l’intuition que le contenu du testament n’est pas sans relation avec la mort de Monsieur d’Arborville. Quand a t-il rédigé son testament ?
– Une semaine avant de mourir, il a été établi par Hugues d’Arborville lui-même, et paraphé par deux personnes que je ne connais pas mais dont l’identité a été vérifiée. Hugues d’Arborville m’a assuré de son authenticité en me le remettant sous enveloppe cachetée, lors de notre dernière entrevue, une semaine avant sa mort. Il ne l’a pas rédigé en mon étude et j’ai reçu pour consigne de ne l’ouvrir que le jour où j’aurais réuni ses héritiers. C’est vrai qua lorsqu’il m’a tenu ces propos, je lui ai fait remarquer que peut-être je mourrais avant lui, il a alors balayé mon observation, et m’a dit en riant, eh bien mon cher, sur votre testament vous porterez mes dernières volontés, du coup, j’ai joint mon rire au sien. Voilà, vous savez tout.
– Oui, sauf l’essentiel, alors vous êtes d’accord pour me transmettre la copie du testament.
– C’est d’accord, dés après le départ des ayant droits de d’Arborville, je vous faxe son testament. Voilà, commissaire, c’est bien là tout ce que je peux faire pour vous ? Au revoir.
– Au revoir Maître et tous mes remerciements.
Vétoldi raccrocha plein d’espoir… Avec un peu de chance, le testament contiendrait la résolution de l’énigme…
A suivre… Prochain et dernier épisode, le vendredi 9 mars…
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