Disparition inquiétante à Matignon, Épisode 10 : Le procès

Mercredi 27 février 2019
ÉPISODE 10 : LE PROCÈS
Source photo : Capture d’écran, campagne de la Sécurité routière, été 2008. 
En hommage à ce grand homme d’une élégance permanente, digne représentant de la haute couture Française. 

Petit rappel des épisodes précédents :
Les GJ ont enlevé le Premier Ministre. Ils ont demandé au président de se rendre afin de le libérer. Après avoir hésité, ce dernier a accepté  d’aller au 2 ème rendez-vous, fixé à Versailles. Les GJ les emmènent dans un lieu secret où ils organisent son procès sans pour autant relâcher le Premier Ministre…
Lieu  de l’action : Salle principale d’une maison au fond des bois où les deux hommes sont retenus prisonniers.
Le président avale sa salive, il murmure à l’intention de son Premier Ministre :
— Impressionnant : j’ai l’impression de me retrouver dans la cage aux fauves.
Celui-ci de rétorquer : Qui sont les fauves, eux ou nous ?
Le président reste coi. Est-ce bien son PM, celui qui l’accompagne et le soutient depuis des mois qui s’exprime  ainsi ? S’il croit à ce qu’il vient de dore, c’est qu’il a vraiment changé. Il était si doux, si prévenant, si admiratif, le voilà impertinent, presque agressif. 
Son regard lui aussi a bien changé. Ce n’est plus le regard d’amour, d’affection inconditionnelle qui lui plaisait tant, mais un regard de juge… 
Le président soupire, il se sent bien seul. La peur de la solitude monte en lui comme un poison, à l’instar de ce qu’il ressentait enfant, quand il était seul à la maison. Personne n’est à ses côtés pour l’apaiser, pour le cajoler, pour l’aimer, pour l’aider. 
Sa mamie tant chérie a disparu pour toujours dans ce no man’s land auquel il n’a pas accès, mais qu’un jour, comme tous les humains, il rejoindra. Sa Bibi non plus, n’est pas là pour le rassurer, comment va-t-il faire face à pareille situation ? 
Tout à coup, il sourit, il vient de se faire à lui-même une de ces blagues qu’habituellement,  il réserve aux autres et que malheureusement, bien souvent ils ne comprennent pas ou prennent au pied de la lettre alors qu’il a simplement voulu rire et faire rire… : Je suis en plein péril jaune !
Ça y est, il voit le GJ qui est au centre du tribunal, un grand gaillard aux épaules de catcheur, qui se lève et qui parle :
— Citoyen-Président et Citoyen-Premier Ministre, vous êtes ici en tant que tel. Nous ne nous attaquons pas aux êtres humains qui sous-tendent vos fonctions respectives mais à ce que vous représentez et à la façon dont jusqu’à présent vous avez exercé le pouvoir. Voilà les faits que nous vous reprochons : 
* Vous avez trompé le peuple.Dans vos promesses de campagne, vous disiez que vous alliez changer de mode de gouvernement, or nous constatons au bout de vos vingt mois de pouvoir que vous êtes pires que ceux qui vous ont précédés.
Vous ne nous avez pas  écouté,alors maintenant que vous y êtes obligés, voici nos griefs qui sont issus de nos discussions démocratiques et pas de vos débats téléguidés :
Vous disiez que vous seriez à notre écoute et que vos élus, vos députés nous représenteraient, or nous avons constaté qu’il n’en est rien. 
Non seulement ils ne se font pas l’écho de nos revendications mais ils les combattent à la racine, en disant que nous sommes pas dans la course. Comme vous, ils se prétendent visionnaires, mais qu’est-ce que ça veut dire ? Comment pouvez-vous être persuadés d’avoir raison ?
Vos députés, les nouveaux surtout, pas les traîtres – anciens socialistes ou républicains qui vous ont rejoint par ambition- sont des plantes hors-sol qui ne savent rien de la vie qu’on a, nous. Et en plus, ils ont l’impudence de se plaindre que leurs salaires soient insuffisants par rapport à ce qu’ils gagnaient avant leur élection. Mettez-les au SMIC et on en reparlera…
* Vous faites la politique des grandes fortunes,des grands de ce monde et vous nous laissez sur le bord de la route. 
Ainsi, dès votre arrivée au pouvoir :
– Vous avez supprimé la part de l’impôt sur les grandes fortunes qui correspond à l’outil de travail, privant l’Etat de plusieurs milliards d’euros.
– Vous avez supprimé la hausse prévue sur la taxe sur les transactions financières contrairement à vos promesses, car vous aviez promis de défendre cette même taxe devant l’Europe, mais bien sûr, vous avez abandonné cette bataille dont vous aviez proclamé l’absolue nécessité pour attribuer des fonds au changement climatique.  
En contrepartie de vos cadeaux faits aux plus riches de ce pays :
*Vous nous avez volé cinq euros d’aide au logement par personne,
* Vous avez augmenté la taxe sur les carburants
Vous vouliez nous faire croire que vous compenseriez ces mesures en supprimant la taxe d’habitation, mais ce que vous aviez oublié et que vous ne dites toujours pas, c’est que 40% des français ne la payaient pas avant votre promesse !
* Vous avez réduit à peau de chagrin le prêt à taux zéro, prêt qui permettait à ceux d’entre nous de devenir propriétaires de notre maison, mais vous détestez les propriétaires et leur faites la guerre…parce que vous-même qui étiez propriétaire de votre appartement à Paris, vous vous êtes empressé de le vendre avant votre élection…
* Vous avez baissé le taux de remboursement des médicaments et des consultations pat la sécurité sociale, en laissant aux mutuelles le soin de compenser mais vous avez oublié que parmi nous, beaucoup n’ont pas de mutuelle et que ceux qui ont une mutuelle ont constaté l’augmentation continue de leur cotisation.
* Vous abandonnez les industries, et voici les exemples les plus récents :
– Vous laissez fermer le site de Blanquefort, de l’entreprise Ford, laquelle refuse de céder son site à un repreneur, alors qu’il suffirait de faire voter une Loi pour contraindre Ford à céder son site au repreneur Belge – alors même que cette Loi avait été préparée par votre prédécesseur, mais non, vous préférez laisser Ford mettre en place son plan social pour les 857 salariés. Et votre Ministre de l’économie s’égosille et parle de la trahison de Ford, au lieu de faire voter la loi qui s’impose !  
– Dans le Nord, vous laissez tomber l’entreprise Ascoval, contrairement à votre promesse électorale, alors qu’un investissement temporaire de la banque publique d’investissements – BPI –  pourrait lui permettre de passer le cap difficile. 
– Pour Alstom, vous laissez General Electric bazarder les activités électriques, alors que GE s’était engagé à développer les emplois ! 
Eh oui, qui vous a entendu rappeler l’engagement signé par GE, lors du rachat, de payer les pénalités pour la non création des 1000 emplois à créer en trois ans, prévus au contrat de rachat, soit 50 000 euros par emploi non créé, ce qui correspond à une pénalité de 50 millions… ? 
– Vous vous êtes engagé à faire payer les GAFA- Google, Apple, Facebook, Amazon- ? Où en êtes-vous ? 
Il serait pourtant facile, à partir du moment où vous connaissez la part de leur chiffre d’affaires réalisé en France d’exiger la part d’impôt qu’ils doivent payer en France. 
On aurait dû se méfier, car quand vous étiez conseiller pour les affaires économiques auprès du président précédent, vous avez commencé à travailler pour l’hyper capitalisme. 
– En favorisant le rachat du pôle énergie d’Alstom par General Electric, qui devait en contrepartie, se concentrer sur les transport ferroviaire… le résultat ? GE ferme son pôle énergie en France…Et la SNCF se voit contrainte par vous de passer commande de voitures TGV pour les faire rouler sur les lignes ordinaires pour sauver à grands frais les emplois Alstom.
En bref, vous laissez faire le capitalisme sans frein ! Alors que vous avez les moyens de faire autrement ! 
La liste serait encore longue, mais nous voulons aussi être force de proposition, voici les mesures qui nous semblent équitables et de nature à rétablir un peu de justice sociale dans notre pays :
* La politique fiscale favorable aux plus riches, vous la menez soi-disant, afin de les retenir en France. Pourquoi ne pas les poursuivre quand ils se sont installés à l’étranger, en Belgique, en Suisse, comme le font les Américains qui continuent à faire payer leurs impôts aux Américains exilés ? 
* Supprimer tous les observatoires et comités en tous genres, financés par l’État et donc par nous, organismes qui doublent les Ministères et servent à caser les copains – On peut voir la liste de ces doublons, sur le site de l’Assemblée Nationale car les députés y participent.
* Réduire le train de vie personnel de l’État :
* Les Ministres n’ont aucune raison d’habiter les palais ministériels et encore moins quand ce n’est pas le cas, de voir leur loyer pris en charge par les contribuables. Leur salaire leur permet de se loger eux et leur famille.
Les appartements privés des uns et des autres, au sein des Ministères, peuvent être transformés en bureaux et ainsi réduire le nombre de bâtiments dédiés aux Ministères. 
* Vos dépenses de chef d’État et vos dépenses privées doivent être distinguées
– Les résidences de villégiature, comme le pavillon de la lanterne à Versailles, Brégançon et les autres résidences dont vous profitez, doivent être vendus.
– L’appartement privé de l’Élysée que vous occupez doit être équipé de compteurs particuliers, un compteur électrique, un compteur d’eau, un compteur de gaz afin que vous payiez vos factures personnelles. 
– Les employés de ménage, de cuisine à l’Élysée doivent être réservés à l’entretien des locaux officiels qui servent à accueillir les responsables étrangers et pas votre nombreuse famille ou vos amis que vous voulez ainsi épater ! Votre salaire vous permet largement de rémunérer l’entretien de l’appartement privé. 
En dehors des réceptions officielles, vous ne devriez pas avoir accès aux services de la cuisine de l’Élysée.
– Vous devez payer vos soins d’esthétique et de coiffure, et à cet égard, si vous laissiez faire la nature, quelques rides vous rendraient plus humain. Votre jeunesse, que vous avez brandie come un étendard et un atout, n’est qu’un état passager et non une qualité.
* Les propositions que nous venons d’avancer ne sont qu’un début, mais nous ne vous rendrons la liberté que si vous apposez votre signature au bas du document sur lequel nous les avons regroupés, sachant que par la suite, notre comité de surveillance veillera au respect de vos engagement sous peine d’être à nouveau entravé dans votre quotidien.
* Nous allons maintenant procéder au vote de l’ensemble de nos représentants ici présents, tous mandatés par leur comité local :
Ce vote se fera à main levé par souci de transparence et de simplification :
– Première Proposition soumise au vote :
Mesdames et messieurs, accorderez-vous votre soutien à nos propositions ?
– Deuxième proposition soumise au vote :
Accordez-vous la liberté au président et au Premier Ministre contre leur engagement à mettre en œuvre nos propositions ? 
Vote pour : 57
Vote contre : 0
Abstention : 0
Les deux propositions sont votées à l’unanimité.
Madame, Monsieur les assesseurs, veuillez faire signer le citoyen-Président et le citoyen- Premier Ministre
Le président et son PM apposent leur signature.
 Messieurs, vous serez libres d’ici une heure. Mesdames et messieurs, la séance est levée, je vous remercie de votre participation, vous pouvez vous retirer. 
Le porte-parole des GJ plie et range les documents et fait signe à l’ensemble des représentants de quitter la salle. Quelques minutes plus tard, la salle se vide et le président se retrouve seul avec son PM :
—  Eh bien, nous avons eu chaud !
—  Oui, enfin, nous avons signé des engagements intenables.
—  Aucune importance ! Les promesses n’engagent que ceux qui y croient.
—  Président, vous oubliez qu’ils vont nous surveiller.
—  Je les aurai tous fait coffrer auparavant.
—  Comment ferez-vous ? vous n’avez aucune de leurs identités. 
—  Je demanderai à mon ministre de l’Intérieur de s’en occuper. 
—  Vous avez tort de jouer les fanfarons, la prochaine fois, ils ne 
vous laisseront pas la vie sauve…
— Il n’y aura pas de prochaine fois, je ne me rendrai plus jamais à leur rendez-vous, je vous rappelle que c’est pour vous sauver la vie que je suis venu. 
 Vous avez dit fort imprudemment une phrase qu’un jour ou l’autre, ils reprendront à leur compte : Qu’ils viennent me chercher. Croyez-moi, si vous ne respectez pas les engagements que vous venez de prendre, ils viendront vous chercher.
— Je leur mettrai l’Armée.
— L’Armée vous suivra-t-telle contre le Peuple ?…

À suivre…Prochain épisode le mercredi 6 mars 2019…