94 ROSES – ÉPISODE 4 – MISE EN PLACE DE LA SURVEILLANCE

ÉPISODE  4 – MISE EN PLACE DE LA SURVEILLANCE

Parc de Saint Cloud-source : wanarun.net


 

L’identité de l’ancien copain de sa cliente, Laurence Devieille, est confirmée. Il est actuellement Ministre de l’Enseignement supérieur. 

Inès fait la moue, il est peu probable qu’il s’abaisse à suivre son ex-copine pendant ses séances de jogging. Sa cliente pourtant insiste, elle est suivie et elle veut savoir par qui et surtout pourquoi.

Inès Benlloch a donc décidé de mettre en route la surveillance de sa cliente. Elle a pour cela recruté une de ses anciennes petites mains de la DGSE, Leonora Quesado. La jeune femme sera dans son bureau d’ici quelques minutes. Quelles sont les informations qu’il faut lui transmettre ? Inès prend une feuille de papier et un stylo :

1- Les coordonnées de sa cliente complétées par plusieurs photos récentes.

2 – La photo actuelle du Ministre

3- L’itinéraire du jogging de sa cliente. Elle a pour consigne d’adopter le même itinéraire le temps de la surveillance. C’est facile, elle court à travers le Parc de Saint-Cloud. Elle a envoyé le circuit qu’elle a choisi à Inès Benlloch, il comporte une distance de presque neuf kilomètres. Inès l’imprime. 

Pour le reste, elle répondra aux questions que ne manquera pas de poser Leonora Quesado. 

La voilà qui sonne justement. Inès lui ouvre. Elle est très émue, elle tend ses bras et la serre très fort dans un hug qui lui rappelle d’excellents souvenirs. Leonora est presque étouffée par la force d’Inès, elle remarque :

— Eh, doucement, je suis contente de te revoir mais que fais-tu du virus ?

— Je suis masquée, tu l’es aussi et nous en avons déjà terminé. Viens, tu veux boire quelque chose ?

— Tu connais mes goûts, je n’en ai pas changé. 

— OK, mais je n’ai pas ta fameuse liqueur de figues, par contre, je te propose un prosecco qui vaut bien les champagnes. Cela t’irait ?

— À défaut, oui, mais à la condition que tu ajoutes une pointe de jus de fruit sucré, tu aurais de la mangue par exemple ?

— Oui, je peux te trouver ça. 

— Installe-toi, j’arrive.

Inès Benlloch accompagne sa visiteuse à la salle de réunion, puis elle se dirige vers le coin bar de la pièce. Elle ouvre le réfrigérateur et en sort la bouteille qu’elle a mise à rafraîchir et un jus de fruits exotiques. Elle prépare le verre de Leonora et se verse à elle-même uniquement du jus de fruits. Elle saisit l’assiette de fruits secs posée sur le comptoir et apporte le tout près de Leonora a pris place sur un fauteuil, près de la table basse.

Elle lui tend son verre et Leonora goûte la boisson :

— Pas mauvais, ton prosecco. Bon, venons-en à ta proposition. Je suis ravie que tu fasses appel à moi ; en outre, en ce moment, le travail est au ralenti. Les couples sont bien sages. Les restrictions qui touchent les  déplacements affectent les liaisons amoureuses et je n’ai presque plus de demandes de suivi de mari ou de femme suspectée d’adultère… Dommage, ce sont des missions amusantes et qui me confortent dans mon choix de rester seule. Alors de quoi s’agit-il exactement ?

— Ma cliente, Laurence Devieille est âgée de 37 ans, elle est psychologue, elle exerce comme psychothérapeute en cabinet libéral et dans le service psychiatrique de l’hôpital de Bicêtre. Voici différentes photos d’elle. 

— Pas mal du tout, très sportive. Bon, j’ai besoin de son adresse.

— Elle vient d’emménager dans un appartement situé 91 rue Blomet, dans le quinzième arrondissement à Paris. 

— Seule ?

— Elle ne m’a pas parlé d’un compagnon ou compagne. Elle semble obsédée par son ancien copain et franchement, pour imaginer qu’elle est actuellement suivie par lui ou par un de ses sbires, je ne suis pas loin de penser qu’elle a un grain… Toujours est-il qu’elle m’a confié la mission d’identifier son suiveur. Comme elle n’est pas ma seule cliente, je te charge d’effectuer cette surveillance. 

— OK, pas passionnant mais amusant, je vais peut-être découvrir des choses qu’elle souhaitait cacher. C’est ce que j’aime dans ce boulot, découvrir ce qui est caché aux yeux du monde.

Inès Benlloch sourit, Leonora n’a pas changé, elle a gardé l’enthousiasme qui la caractérisait lorsqu’elle a fait sa connaissance à l’occasion d’une mission qu’Inès dirigeait, pour le compte de l’antiterrorisme, Leonora avait alors vingt ans. 

— Qu’est-ce qui t’amuse ?

— Je pense à toi quand tu as démarré ta carrière sous mon autorité. 

— C’est loin.

— Tu n’as pas de regrets de ne pas être entrée à la DGSI ? 

— Non, aucun et toi, tu n’as pas de regrets d’être partie de la DGSE ?

— Non, j’ai failli perdre la vie au cours de ma dernière mission et puis de toute façon, j’étais brûlée, repérée par les ennemis que j’étais chargée d’arrêter. Cela a été très difficile de rester sur ce que je considérais être un échec, mais j’ai eu la chance de rebondir en rencontrant le commissaire Vétoldi alors qu’il menait cette agence de détectives privés. 

— Mais il ne travaille plus avec toi, j’ai entendu dire qu’il était rentré à la maison et qu’il était commissaire à Vannes.

— Oui, il est retourné dans l’active mais il garde un œil sur l’agence. Il vient régulièrement prendre connaissance des enquêtes que je mène et il me conseille. Je l’attends bientôt et même si j’apprécie de poursuivre mon travail en autonomie, j’avoue qu’il m’est bien utile. Il a notamment des contacts partout et j’ai pu le vérifier au cours de l’enquête que j’ai menée pour le compte d’une franco-mexicaine accusée de trafic de drogue entre la France et le Mexique[1].

— Tu veux que je commence quand ?

— Demain, si tu peux, c’est urgent, elle est pressée d’avoir des résultats. 

— Pas de problème, sais-tu à quelle heure elle démarre ?

— Oui, je lui ai demandé de courir à heures fixes, elle part de chez elle à sept heures trente. Elle court assez vite, car une heure et quart plus tard, elle a terminé et rentre chez elle. Elle est en ce moment en télétravail. 

— Qu’est-ce qu’elle fait ? 

— Elle est informaticienne pour le compte d’un fabricant de jeux vidéo.

— Ouah, la chance ! Si je sympathise, je vais lui demander des filons. 

— N’oublies quand même pas le but de ta mission.

— Non, tu peux me faire confiance.

— Eh bien, si je commence demain, je vais aller tout de suite faire des repérages. Je te ferai un rapport en revenant de la surveillance demain.

— OK, parfait. à demain.

Leonora Quesado déplie ses longues jambes et se lève. Prise d’un regret, elle avale le reste de sa boisson. Elle pousse un soupir de plaisir et Inès Benlloch la raccompagne jusqu’à la porte du bureau…


À Suivre, prochain épisode, le Dimanche 4 Avril 2021